Richard Morgiève

> Après United Colors of crime, salué par la critique, Richard Morgiève poursuit avec Boy l’exploration des thèmes qui le hantent : l’amour, l’honneur, le courage, la rencontre avec l’autre.
« Une panne d’électricité éteint la ville devant eux. À chaque mètre qu’ils font, la lumière recule. Les rues s’enlisent lentement dans l’obscurité, les passants semblent sortir de rien. De temps en temps, une enseigne lumineuse résiste, notamment cet Oasis Kaboul jaune et orange, vert. Les phares des voitures entretiennent une illusion, celle d’un monde à la merci de l’homme, un monde sécurisé. Mais le monde n’existe pas, songe Boy. On l’invente pour ne pas crier, ne pas se percer les tympans. »
Une histoire d’amour, comme toujours chez Morgiève : amour-haine pour un père-voyou, amour-haine pour la lâcheté, amour-haine pour soi-même – mais quoi de plus proche de l’amour que la haine ? L’amour de Boy est à la hauteur de ses impossibilités. Elle ne sait pas qui elle est. Elle cherche désespérément l’amour d’un, d’une autre. Roman tragique aux allures de thriller, roman épique sur décor sanglant du monde d’aujourd’hui. Roman sexuel, noir, où les fantasmes se disent à chaque page.
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Een Parijse reclameman (weggelopen uit American Psycho) stort in nadat zijn vrouw hem verlaat voor zijn beste vriend. Alleen de begeerte telt nog, tot hij stommelings in de klauwen valt van een sadomasochistisch gezelschap (weggelopen uit Histoire d'O) en geen enkele vernedering hem bespaard blijft. Dat alles in een Céline-achtige stijl, en niet zonder een snuif cultuurpessimisme à la Houellebecq. (De achterflap belooft ook een scheut Joyce, maar dat is wat bij de haren getrokken.)
Ondertussen regent het en regent het ... en naar het einde toe staat het hele land onder water.
Bij momenten bevlogen, bij momenten clichématig.… (mehr)

"Ce que Dieu et les anges" n'est pas un livre de piété mais plutôt une demande de pitié, de grâce, adressée à qui voudra bien l'entendre. Pitié pour qu'une miséricorde réduise cette blessure de l'absence du père. Le livre raconte l'histoire triste, sordide mais aussi lumineuse et charnelle d'un enfant et de sa mère dans un monde d'errance chiche et tragique. Une errance où l'enfant cherche l'identité de ce père dont l'absence engloutit le quotidien des êtres, mais s'impose et se laisse imaginer : "Il avait l'air d'un roi quand il marchait. A l'imparfait et c'était à peu près tout. Et je me disais : un roi ? Et je le construisais, je l'inventais, je le dessinais, je lui parlais, je lui écrivais. Et j'attendais". Et cette phrase qui résume à elle seule la souffrance : "Dans nous deux, il y avait en permanence nous trois".

L'enfant du roman de Richard Morgièvre trouve le réconfort dans la prière à huit ans : "Comme on est pris par le vin, j'ai été pris par Dieu, plus exactement par la prière, une ivresse dont je ne pouvais plus me passer". Mais le Notre Père avait une saveur bien douloureuse. Absence du père d'un côté, adulation de la mère de l'autre, quasi fusion dans ce report terrible d'affection, et choc terrible lorsque l'enfant devient adolescent, voyant dans son corps en transformation la trace émergente de ce père qui a rejeté sa mère.

Le court récit de Morgièvre débute et s'achève sur la mort de la mère, et fait défiler une vie décousue dans une intemporalité qui ne laisse surgir que des émotions brutales comme événements principaux. Les deux dernières pages, très fortes, sur la mort de la mère, laissent le personnage principal sur le chemin d'un avenir incertain mais sans doute porteur d'espoir car "Ce que Dieu et les anges savent et voient aucun être humain ne le sait, ni ne le voit". A lire comme le récit d'une âme écorchée par l'absence.… (mehr)