greuh - 2011

Allez, je vais déjà lister ce que je suis en train de lire, pour bien commencer l'année :

#8 : The Laundry par Gareth Hanrahan sur la base des romans de Charles Stross
#2 : Les Jardins Statuaires de Jacques Abeille
#7 : Le Manifeste Chap de Gustav Temple et Vic Darkwood
#3 : In The Balance de Harry Turtledove
#16 : Tilting The Balance, sa suite
#4 : Apocalypse Moby
#5 : Les Eaux Étroites de Julien Gracq
#6 : Le Rivage des Syrtes du même
En lisant en écrivant d'encore le même
#9 : La conjuration des imbéciles de John Kennedy Toole
Generation of Swine de Hunter S. Thompson
#11 : Les derniers jours de mai 1 & 2, à savoir un navire ancré dans le ciel et la mort marchait dans les rues, au format électronique tel que distribué par l'auteur.
#12 : L'annuaire téléphonique du 19è arrondissement
#17 : De l'influence en littérature, André Gide
La Société du spectacle de Guy Debord
#18 : Upsetting the balance, le troisième de la série Worldwar
#20 : La Route de Cormac McCarthy au format .2
#19 : En attendant Godot de Samuel Beckett
#21 : Striking The Balance, quatrième et dernier livre de la série Worldwar
#25 : Burning Wheel, livre de jeu rôles indy
#26 : Votez pour la démondialisation ! de Arnaud Montebourg
#27 : Le vote ou le fusil suivi de Nous formons un seul et même pays
#28 : Psychogéographie !
#30 : Mémoires trouvés dans une baignoire (S. Lem) et Petit éloge des faits divers (D. Daeninckx)
#31 : Wastburg de Cédric Ferrand
#34 : Only Revolutions de Mark Z. Danielewski
#35 : Rouge Gueule de Bois de Léo Henry
#35 : Nouvelles du Disque Monde de Terry Pratchett
#35 : Encre par Hal Duncan
#36 : Venus Erotica de Anais Nin
#36 : Le Livre Sans Nom
#36 : Gorazde de Joe Sacco
#36 : Petit Dico d'Aqui de Gérard Jacquet, tome 1

Total : 27 livres et deux jeux de rôles

(sans compter les PDF : Fiasco, Fiasco Companion, Vampire 20th, Over The Edge, Friend or Foe, Remember Tomorrow, TechNoir, The Farm, Myth of Self, Tales from the floating vagabond, Lacuna, Avalon:County of Somerset, Cthulhu d100 en espagnol)

(et sans compter les livres de photo, comme Nus psychédéliques et Nus en lumière naturelle, ou les bandes dessinées - impossible de les lister toutes ici, même si Une Vie Chinoise ou Jeronimus mériteraient d'être évoquées)

Au global, une moyenne de 3 livres/mois.

Les jardins statuaires est un livre magique. Au niveau de l'écriture et du style, nous parlons ici d'un auteur qui n'aurait pas à rougir d'une comparaison avec Gracq et c'est pas peu dire ! Abeille développe un superbe univers très personnel, poétique mais aussi inquiétant et nous y transporte magiquement par la seule puissance d'évocation de sa langue riche, complexe et entêtante.
Je doute lire meilleur roman cette année... 2011 va être longue ! ;)

Petite pause détente après l'immense livre précédent (cf message 2) :
In The Balance de Harry Turtledove
Premier tome d'une tétralogie, voire d'une heptalogie si on compte le second cycle, c'est du roman de gare qui se lit bien. Soyons honnêtes : c'est très mal écrit. Le style est pompier, le déroulé des événements est partiellement improbable, etc. mais ça se lit vite et bien. J'ai eu un agréable moment de détente à lire cela, et je lirai les trois autres du premier cycle petit à petit, entre d'autres choses.
L'histoire : une sonde extraterrestre a fait le tour de la Terre vers le XIIè siècle et est repartie vers ceux qui l'avaient lancée pour leur donner des informations sur la population indigène. Les ET, ne voyant au mieux que des guerriers en armure, décident d'envoyer une petite expédition pour conquérir la planète. Vu l'opposition, et sachant que les ET ont évolué trèèès lentement, inutile de trop se charger : avec leur technologie (fin 20ème siècle à l'exception du voyage spatial), face à des pécores médiévaux, ça devrait être plié en trois mois.
Manque de bol, le temps de faire le voyage, leur expédition arrive vers 1942. Toutes les nations majeures sont en économie de guerre, armés jusqu'aux dents, et avec une bonne expérience de la guerre, malgré une technologie largement inférieure. La conquête de la Terre n'est alors plus si facile.
Y'a de l'humour, de bonnes idées, une histoire alternative funky. Turtledove se balade entre une douzaine de personnages et essaie de raconter l'histoire de tous, ce qui permet de mieux voir l'ensemble du conflit sous forme d'une mosaïque d' "anecdotes" (entre guillemets parce que le programme nucléaire américain, par exemple, est loin d'être une anecdote). Le défaut de cette mosaïque, c'est qu'on a du mal à avoir une vision d'ensemble.

Bref, un sympathique délassement littéraire. Je lirai la suite.

Apocalypse Moby (se trouve là, gratos : http://www.apocalypsemoby.com/ )

Il s'agit d'un (faux) script de 55 pages pour un film qui mélangerait Moby Dick et Apocalypse Now. Si. On retrouve donc Ishmael dans un hôtel miteux de Saigon avant de se faire recruter pour partir avec Ahab sur une vedette sur le Nung pour chasser une baleine blanche appelée Moby, qui a fait les paras et a recruté sa propre armée... Ishmael porte un tricorne, des bottes en cuir, un treillis et un chapelet de grenades...

C'est n'importe quoi, mais un n'importe quoi bien fait et rigolo.

Les Eaux Étroites de Gracq est une nouvelle d'à peine une soixantaine de page où Gracq conte une promenade qu'il faisait régulièrement sur un bout de rivière. Racontant les lieux et le paysage, il se laisse aller à diverses rêveries au fil de l'eau, se laissant porter par ses souvenirs de balades et de lecture.
Une petite lecture distrayante égayée par l'écriture gracile et ciselée d'un Gracq qui n'a pas encore atteint la puissance évocatrice de son Rivage des Syrtes.

Après le bonheur que furent Gagner La Guerre et Les Jardins Statuaires, je me devais de relire Le Rivage des Syrtes. C'est chose faite. Si les deux précédents sont clairement les élèves, le maître est encore loin d'être dépassé... Le roman est entièrement construit sur un vide, puis une attente, de plus en plus angoissante, alors que de tous petits grains de sable commencent à dévaler la dune des événements, créant de petites rivières annonçant un effondrement catastrophique qui pourrait, peut être, être arrêté mais dont on sent bien au fur et à mesure que personne ne le souhaite vraiment.
C'est écrit avec une plume riche, une langue vêtue de ses plus beaux atours, un style merveilleux...
Quel bonheur que cette relecture...

Manifeste Chap : Savoir-vivre révolutionnaire pour gentleman moderne, écrit par Gustav Temple et Vic Darkwood dans le cadre de la Confédération des Anarcho-Dandys
Ce livre est un petit bijou d'humour britannique, où les auteurs prônent rien de moins que la "révolution par le tweed" et plus exactement le droit pour un révolutionnaire d'être bien habillé. Il se décompose sous la forme de petits articles abordant tous les sujets (motivations, actions, habillement) avec des illustrations un peu rétro et un humour à froid d'une grande subtilité. On y apprend ainsi comment il convient de s'habiller pour lire chez soi, mais aussi les actions à entreprendre face à tous ces antres du mauvais goût que peuvent être les chaînes de magasin d'habillage, les fast-food, etc. Comment communiquer en utilisant ses jambes comme sémaphore et comment faire du sport (diantre) sans en donner l'air (ouf).
Bref, c'est un petit livre fort drôle qui, par certaines critiques satyriques donne parfois à réfléchir - sur les raisons de son engagement, ses goûts vestimentaires, et la place de l'élégance ainsi que la politesse dans la société actuelle - mais dont l'objet principal reste de s'amuser. Et d'être élégant. Rafraîchissant.

Si vous n'y connaissez rien en jeu de rôles, cette critique ne vous apportera pas grand chose.

The Laundry est un jeu de rôles reprenant la série de livres et de nouvelles débutée dans Le Bureau des Atrocités. Il utilise le système de jeu de Chaosium provenant de l'Appel de Cthulhu, ce qui est logique, les deux s'abreuvant à la même source.
Le livre est une compilation des informations du livre adaptée au jeu, plutôt écrite de manière sympathique (Gareth Hanrahan étant l'auteur de beaucoup de matos funky). Etant donné qu'il s'agit d'une agence gouvernementale combattant les horreurs-de-par-delà-les-dimensions, il s'agit d'une excellente addition à Delta Green, ce qui est une bonne chose vu la postface du Bureau des Atrocités.

Bref, l'humour geek et l'agence dénuée de moyen qui combat le Mythe ont été conservés, ce qui est l'essentiel. Un bon jeu.

La conjuration des imbéciles est un excellent livre. Voilà, c'est dit. On y suit les aventures d'un personnage odieux, gras, xénophobe, méchant, idiot, prétentieux, couard, veule, condescendant, hypocondriaque, etc. Cherchez un adjectif négatif et il s'appliquera sans peine à Ignatius J. Reilly. Ce personnage évolue au milieu d'un parterre de gens interlopes et idiots dans une Nouvelle Orléans des années 60. Le truc, c'est que le personnage est tellement horrible que ses fréquentations semblent toutes sympathique dans ce roman picaresque basé sur un anti-héros inacceptable.
Suite à un accident idiot, Ignatius doit chercher du taf, et son inadaptabilité sociale ainsi que ses plans idiots hallucinants le font rouler d'aventure improbable en accidents idiots, et tout en le détestant de plus en plus, on a hâte de découvrir la suite des ses aventures pour voir comment il va bien pouvoir faire pire et délirant tout en tombant encore plus bas.
Dans un ensemble de personnages assez restreint, l'auteur réussit le tour de force à tout rassembler à la fin dans un grand apocalypse au détriment de Ignatius, à tel point que je commençais à en avoir de la peine pour lui. Et pourtant... Et pourtant... Ben je suis pas sûr d'avoir lu un tel happy end ! :)

Ce livre a bien mérité son Pulitzer. Je ne m'attache pas à conter l'histoire de l'auteur, pourtant intéressante, car je crois au fait de détacher l'œuvre de l'auteur. Comme le dit Gracq : "Un livre qui m'a séduit est comme une femme qui me fait tomber sous le charme : au diable ses ancêtres, son lieu de naissance, son milieu, ses relations, son éducation, ses amies d'enfance !" (Julien Gracq, En lisant en écrivant)

Bon, allez, hop, direction le salon du livre.

Les derniers jours de mai 1 & 2, à savoir un navire ancré dans le ciel et la mort marchait dans les rues, au format électronique tel que distribué gratuitement par l'auteur, Roland C. Wagner

La quasi totalité de l'œuvre de RCW forme un tout unique intitulé "Histoire d'un Futur", et je viens enfin de lire le roman de la série qu'il me manquait, introuvable sauf en occasion, et qui constitue le premier chapitre de cette longue saga.
Dans les Histoires d'un Futur, l'humanité connait un cataclysme grave, à savoir que le monde des idées/archétypes Jungien rentre en contact avec la réalité. A la suite de cet événement, l'humanité s'est assagie et le meurtre a quasiment disparu. La série des Futurs Mystères de Paris conte ce qui se passe après cet apocalypse. Par contre, et là les romans sont difficiles à se procurer car épuisés, RCW a écrit la série Histoire d'un Futur Proche, qui raconte tous ces événements, dont Les Derniers Jours de Mai représente plus ou moins le début.
Le personnage est très attachant. Il a souffert dans son passé et essaie de recouvrer un semblant de normalité malgré des traumatismes et crimes graves. Petit à petit, les fragments épars de ses souvenirs vont plus ou moins se rassembler, se chevaucher et se contredire. Qui est il vraiment ? Pourquoi la population de son pays s'enfonce ainsi dans la violence ?
L'intrigue, bien qu'écrite de manière un peu légère parfois, reste tortueuse, intéressante et donne envie de lire jusqu'au bout. Le Coda du roman est un peu narquois, un peu facile, mais permet de relier les ponts à la suite, ce qui n'aurait pas marché, je pense, sinon.
Les premières apparitions de deux personnages essentiels de la série, à savoir Tête-de-Crâne (si tant est que c'est bien lui) et Dragon Rouge (semblable et pourtant si différent).

Un vrai régal de lecture.

Un peu vers le début de l'année, je me suis procuré un énorme ouvrage, très dense, au papier bible. Une fois passé la qualité médiocre du support, il faut avouer que l'ouvrage est extrêmement complet. Une référence dans son domaine, malgré une intrigue un peu téléphonée. J'ai beaucoup apprécié la galerie de personnages, foisonnante et très variée, avec de nombreuses ramifications.
La chute est un peu plate et l'intrigue finit en queue de poisson, une fois qu'on est arrivé à ZZywlorski, Antoine.
Cet "Annuaire de téléphone du 19è arrondissement" saura ravir les amateurs de lectures denses.

:-D

Ah bon ? Je pense aussi à m'en procurer un depuis longtemps mais la densité de l'ouvrage m'a toujours fait réfléchir à deux fois mais bon après une telle recommandation, j'y vais de ce pas ☺

C'est toujours pareil avec les ouvrages de référence. On est intimidé de prime abord mais on se lance.
Bon, parfois, faut dire... Au bout de trois pages... On décroche... ;)

J'avais lu le mois dernier In The Balance de la série Worldwar. Là, j'ai fini la suite, à savoir Tilting the balance. Bon, c'est toujours aussi sympa, ça se lit toujours aussi vite. Ça reste drôle et plutôt bien vu, dans la catégorie "détente-qui-casse-pas-trois-pattes".
Si vous cherchez de l'histoire alternative 2°GM avec des extraterrestres, de l'aventure et un peu d'humour pour lire aux toilettes, c'est exactement ça. Le genre de bouquin qui cherche pas à péter plus haut que son T-34.

Les personnages évoluent, les différents front évoluent, et certains personnages meurent, parfois de manière cruellement inutile.
Le troisième est dans mon sac, à savoir Upsetting the balance.

De l'influence en littérature
J'aime énormément les tout petits livres publiés par Allia. J'en ai déjà lu trois, chaque fois pour être intéressé par le sujet traité et son originalité dans une brièveté qui me sied, et ce quatrième opus ne me déçoit pas plus.
Il s'agit de la transcription d'une conférence de Gide où ce dernier évoque l'importance des influences dans la création artistique, qui selon lui permet - si j'ose dire - l'essorage des grandes idées au sein d'un courant, d'une école, élevant les influencés bien plus haut que s'ils n'avaient été seuls, et développant tout d'une idée jusqu'à ce que, épuisée, elle ne disparaisse pour laisser la place à du neuf. Selon lui, rechercher l'originalité à tout crin comme actuellement est un drame et révélateur d'une grande pauvreté.
Une très intéressante analyse.

Upsetting The Balance
Celui-ci est vraiment un passe-plat dans la série : il ne s'y passe pas grand chose. La scène de la couverture représente 5 lignes du roman, au titre d'un fan-service qui m'échappe. Fan service aussi pour l'apparition de Orwell en personnage (sous son vrai nom d'Eric Blair)
A part quelque moment rigolos qui font qu'on passe un moment agréable, l'essentiel aurait pu être raccourci à 100 pages, fondue dans les tome 2 et 4 de la série. Certains intrigues (Liu Han, Moishe Russie, Jens Larssen, Pskov etc.) n'ont pas vraiment d'intérêt et ne promettent pas de déboucher sur grand chose. Ce qui fait qu'elles sont assez chiantes.

En attendant Godot, pièce de théâtre sur l'attente, est le récit de deux hères qui attendent un type qui ne viendra jamais. Ils n'ont pas vraiment toute leur tête et discutent abondamment de choses simples, dans dialogue souvent sans queue ni tête mais quand même amusants.
Une lecture détente, qui ne prend probablement toute sa saveur que jouée, vu le nombre de gags visuels présents.

La route de Cormac McCarthy est un livre décevant. Suite à une apocalypse nucléaire, un père et son fils marchent sur une route, espérant aller vers le sud où-qu-y-fait-chaud, avec un caddie et un flingue où restent deux bastos. Tout est mort : végétation, animaux. Rien ne reste, sauf quelques humains prêts à tout pour survivre. Heureusement pour nos héros, ils n'en croisent que peu, sinon le lecteur aurait eu quelque chose à lire.
Je me suis fait copieusement chier. Ils sont mort. Il n'y a aucun espoir. Leurs survie ne tient qu'à quelques coups de bol franchement très Deus Ex Machina. Je ne l'ai fini que parce que je voulais voir si l'auteur allait me détromper et trahir son univers pour nous coller un happy end. Il reste fidèle à son univers, proposant un énième Deus Ex Machina pour sauver le gamin avant la clôture du livre.
Non, ce n'est pas très bien écrit. Non, ce n'est pas très intéressant. Non, les relations entre les personnages ne sont pas très réussies. Non, l'univers n'est pas vraisemblable (y'a même quelques problèmes de timing).
Bref, un truc pas top, comme tous les gros cartons littéraires récents : suffisamment bien pour être lu, pas assez pour que ça dépasse la qualité de livre-à-lire-aux-chiottes. Je pense surtout que ça joue sur la corde sensible des papas de part le monde, c'est tout.
Anecdotiquement, j'ai lu ce livre au format .2. Ce 'nouveau' format de bouquin est vraiment pas mal, très bien conçu pour les transports en commun bondés, fait pour être lu d'une seule main (au contraire de Big 'Uns Magazine). Par contre, le prix très élevé -10€ pour un poche- et le catalogue très restreint -même pas une dizaine de titres- n'annonce pas un modèle économique viable de mon point de vue.

Conclusion de la série Worldwar de Harry Turtledove, Striking The Balance conclut les différentes storylines que nous suivions depuis le début. Certaines sont étonnantes, d'autres amusantes. Certaines laissent un arrière goût de "tout ça pour ça". Mais après le passe-plat qu'était le 3ème volume, ce dernier renoue avec le livre de gare fun mais sympa qu'était la série.
J'ai pris un plaisir (coupable) certain à lire cet ouvrage et je le recommande à ceusses qui voudraient se marrer en lisant de la 2nde GM alternative un peu délirante.
Une série sympa, qui aurait pu être amputée d'un tome sans trop forcer.

Le point à mi chemin (nous sommes en juin) : j'ai lu 16 bouquins, soit, disons, 30 par an. C'est vrai que c'est pas bezef... Bon, ok, ça tient pas compte des bande dessinées (je ne compte plus), les journaux (le canard enchaîné en entier chaque semaine, plus quelques dizaines de flux RSS) et des livres de jeu de rôles (Burning Wheel, par exemple). Les BD, on peut pas dire que ça compte (à l'exception notable de Watchmen, qui contient une grosse part textuelle). Les jdr, ça ferait, disons 4 livres de plus. Soit 40/an donc. Mouais.

J'ai toujours su que je lisais lentement.

Pourquoi les BD cela ne compte pas ? Je pense que nous ne sommes pas ici dans un concours de celui qui en lit le plus ! L'intérêt c'est de faire part de ses lectures, BD comprises, revues ou plutôt "book-mag" ou "mook", et surtout de donner son avis sur ces livres pour donner envie aux autres ou tout du moins donner des conseils et partager ses découvertes, ses joies de lecture et éventuellement ses déceptions. Voilà, donc vos avis sur vos lectures de bd m'intéressent également... et pourra certainement me donner envie de découvrir des auteurs et des styles que je ne connais pas.

Le problème avec les BD, c'est la masse. Evidemment, je pourrais, mais j'ai décidé de pas considérer les BD comme mes "livres lus dans l'année" parce que je lis très lentement mes livres, alors que les BD, je dévore.
Ensuite, j'en lis bien trop pour pouvoir être capable de faire des fiches de lectures à chaque fois. En comic US, je lis les mensuels Hellblazer, The Boys, The unwritten, Hellboyverse (Hellboy, BPRD etc). Donc ça fait déjà un numéro par mois. En webcomic, on ajoute Freakangels (6p/semaine), Something Positive, Dilbert, Garfield Minus Garfield, Monsieur Le Chien, Boulet, XKCD, The Shakers, SMBC, Girl Genius, MenageA3, Moon Over June, Dork Tower, The Bare Pit. En BD française, je me suis calmé, n'ayant plus comme série "en cours" que JKJ Bloche et Long JohnSilver. Enfin, en manga/manwha, je ne suis plus que Pluto, Lone Wolf&cub et Zipang.

Mais j'en relis des tonnes, alors que ne relis jamais mes livres.

Si je peux me permettre malgré tout un conseil de lecture : Asterios Polyp est une tuerie. Gaza 1956 de Joe Sacco et Une Histoire Populaire de l'Empire Américain valent le détour niveau journalisme. Mes grosses claques récentes.

Tiens, ben ok : je vais faire des fiches de lecture de-ci, de-là, sur mes lectures BD, mais sans les compter dans "mes livres lus cette année". Comme ça ça fera toujours de l'info pour toi et ceux que ça intéresse. Par contre, un seul message par série, parce que sinon, pour les singles mensuels, je vais pas m'en sortir ;)

Burning Wheel est un jeu de rôles innovant, bien que médiéval fantastique. Innovant à plusieurs titres :
- les croyances et instincts du personnages sont inclus à la mécanique de jeu et obligent le joueur à respecter son propre personnage
- les ressources financières du personnage ont un mécanisme simple et intelligent qui évite les compte d'apothicaire (ou les aberrations comme à Dungeons & Dragons où un personnage se balade avec plus d'or que Fort Knox dans son sac à dos)
- les relations des personnages (contacts, famille, etc), de même, sont gérées sous la forme d'une mécanique simple

Le reproche que je ferai à ce jeu (que j'ai lu dans son édition revised, très bientôt rendue obsolète par une réédition), c'est sa complexité. Les règles de combat sont intelligentes, mais ont l'air d'une grande lourdeur. Quel dommage de n'avoir pas streamliné cette partie du système de jeu, par exemple d'avoir réellement un mécanisme unique pour les débats, le combat à distance, la mélée et le combat rapproché, plutôt que quatre similaires mais différents (Duel of Wits, Range & Cover, Battle! et Fight! respectivement) ?
Un autre reproche, c'est la difficulté à estimer ... la difficulté d'une action. La règle spécifie un peu tout, mais sans un apprentissage approfondi du jeu, difficile d'estimer les choses à la volée.

Je suis curieux de tester, mais un peu intimidé par une telle somme.

Votez pour la démondialisation! de Arnaud Montebourg
Le bouquin de M. Montebourg est très bref. Il commence par évoquer des cas, dans le monde entier, de travailleurs exploités, maltraités, abusés. Je me reconnais d'ailleurs dans un des cas évoqués, tout comme chacun d'entre vous (je doute avoir des lecteurs dans la tranche des 1% les plus riche de France). A partir de là, il établit que la mondialisation est la cause du problème. Ensuite, il suggère des solutions pour lutter, principalement la démondialisation sous la forme d'un "protectionnisme vert" à l'échelle de l'Europe. Je dois avouer que ce keynesianisme proposé n'est pas sans me rappeler une proposition de M. Frédéric Lordon.

Au final, malgré un livre un peu lourd sur la forme vers le milieu, son programme est intéressant, mais il reste très vague sur l'implémentation. Comment veut il réaliser son protectionnisme vert, qui consiste à établir des taxes douanières sur la base du respect de l'environnement, ce qui permet de faire la nique à l'OMC. Il est vrai que l'Europe est la seule grande puissance à n'appliquer quasiment aucun protectionnisme là où les autres ne s'en privent pas. Je suis d'accord, mais comment convaincre l'Allemagne, puisque c'est le couple Franco-Allemand qui mène régulièrement la barque bleue étoilée de jaune ? J'aurais aussi apprécié connaître ses positions sur de nombreux autres sujets car, même s'il est vrai qu'il y a beau temps que l'économie a pris le pas sur le politique, je suis toujours curieux de connaître la position d'un candidat sur ACTA, sur l'immigration, la santé, l'intérieur, la justice, etc. Alors c'est sûr que cela aurait demandé un livre plus gros, plus cher (l'opus est à 2€) et écrit plus petit. Je réserve donc ma décision sur les primaires le temps d'en savoir plus de la part de chacun des candidats.

Le vote ou le fusil
C'est un petit livre contenant deux discours sur les droits civiques des Noirs aux Etats-Unis, à savoir un discours de Malcolm X intitulé "Le Vote ou le Fusil" et un autre de John Fitzgerald Kennedy, antérieur, intitulé quant à lui "Nous formons un seul et même pays". Deux visions très différentes pour une même opinion sur la quête des doits civiques. Deux discours puissants, forts, viscéraux. Malcolm X se lance dans un combat définitif, JFK essaie de changer la loi mais aussi la mentalité du moindre de ses compatriotes.
Dans mon opinion, ces textes n'ont rien perdu et sont toujours aussi importants. Cette collection de discours chez Points ne m'a jamais déçu : on connaît tous une phrase célèbre de l'un ou l'autre discours, mais peu les ont lus en entier, alors que ça vaut vraiment le détour.

Psychogéographie Franchement, je suis assez déçu. Les auteurs arrivent à leurs fins pour ce qui est de donner un aperçu de la psyéchogéographie à qui ne connaît pas (moi, par exemple) mais, franchement, c'est tellement rempli de name-dropping que ça en devient lassant. Au bout d'un moment, cependant, la coordination des connaissances éparses nous ouvre des perspectives intéressantes.
Je reste persuadé que c'est une lecture intéressante, mais bien moins que la bibliographie qu'il propose, qui m'a donné une liste de "à lire" pour longtemps.
J'étais quand même surpris de ne pas voir évoqués China Miéville, Léo Henry/Muccielli, Vandermeer, Danielewski ou Jestaire, mais j'avoue que j'ai lu le dernier tiers en diagonale...

Sur le même thème, j'ai lu Who's Your City de Richard Florida (là encore, je ne sais pas si le livre a été traduit). Il part du principe de qui se ressemble s'assemble (le contraire de ta lecture?) et que donc les villes ont des personnalités qui leur sont propres... Personnellement, j'ai adoré et il fait le bilan de toutes les grandes villes nord-américaines (États-Unis et Canada) et de genre de personnes /professions qu'elles attirent. Il se trouve que je suis exactement dans la bonne ville...!

Mémoires trouvés dans une baignoire
de Stanislaw Lem

Délicieux ouvrage kafkaïen en diable, un homme anonyme a été envoyé dans un complexe militaire ultra-protégé, l'Edifice, afin d'y accomplir une mission. Cependant, livrant une guerre sans merci à l'ennemi, particulièrement vicieux, à s'avoir l'Anti-édifice, ses instructions sont codées. On suit le héros du roman dans les déboires sans fin qu'il subit pour obtenir ses fameuses instructions, chiffrées pour éviter les interférences d'agents doubles, triples, quadruples voire quintuples. Le héros se perd désespérément dans ses multiples tentatives visant à déjouer les doubles, triples et quadruples bluff qu'il subit dans une administration tentaculaire devenue folle et complètement refermée sur sa paranoïa paperassière.
Lumineux et insolent, cet ouvrage se termine dans un grand ricanement grinçant de l'auteur, qui dénonce de manière jouissive la paranoïa de la Guerre Froide mais aussi des comportements finalement très actuels sur les notions de culpabilité, de délation et de surveillance en démontrant que ces mécanismes sont sans fin.
Inspiration principale, d'ailleurs, du jeu de rôles "Paranoïa", cet excellent livre est à ranger dans sa bibliothèque entre 1984 d'Orwell et Le Procès de Kafka. Un must-read malheureusement bien difficile à trouver.
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Petit Eloge du Fait Divers
de Didier Daeninckx

Un monument de papier noirci dédié aux victimes, c'est ce que représente, pour Daeninckx, la section des faits divers dans la presse, qu'on appelle aussi, non sans ironie, les "chiens écrasés". Petit opuscule à vil prix, il contient quelques courtes nouvelles bien écrites, à la chute parfois cruelle, toujours réussies. Un petit snack littéraire de grande qualité à dévorer entre deux métros. :)

Wastburg est le premier roman de Cédric. Roman d'une ville, Wastburg, plutôt que d'une histoire, il s'agit d'un kaléidoscope de portraits, chaque chapitre étant une nouvelle centrée sur un habitant de Wastburg, avec parfois, souvent même, une conclusion tragique. Au début, ces chapitres disjoints, dont le lien unique essentiel est cette ville sale, grouillante, mal famée et pourtant plus vivante que n'importe quel XVIè arrondissement, ces chapitres disjoints, donc, peuvent dérouter. Et puis, petit à petit, on remarque que les événements déroulés dans un chapitre ont un lien avec ceux d'un chapitre précédent, et un énorme événement forme la toile de fond de tous ces destins enchevêtrés. Parfois, l'événement est au premier plan, parfois relegué à une remarque par un poivrot au fond d'un estancot dégueulasse.
Je suis assez admiratif sur cette façon d'amener un roman, insufflant un souffle de vie incroyable, qui se met à suinter de chaque page. On croit à Wastburg, à son ambiance de fin de renaissance allemande, un peu à la Warhammer, mais en plus vraisemblable.
Pour ce qui est de la lettre et du style, il s'agit de phrases courtes et directes, dans un argot fleuri, qui font de Wastburg un texte à mi-chemin entre un roman noir de Ellroy et un San Antonio.

Foncez !

Pour les gamers : Wastburg ferait un chouette contexte de jeu de rôles médiéval.

cela m'a l'air excellent! J'adorais le JdR Paranoïa et son humour décalé. Je me note ce bouquin dans les bonnes idées. Il ne reste plus qu'à le trouver.....

Tu parles de Mémoires trouvés dans une baignoire je suppose. Ca se trouve, d'occase, sur mamazon et abebooks.

La sainte trinité de Paranoïa, c'est ces mémoires, 1984 et Catch-22.

Only Revolutions

TL;DR

Roman étrange avec un lot de contraintes assez hallucinant en termes d'écriture, Only Revolutions utilise un langage bien trop référentiel, complexe et difficile à suivre pour le pauvre frouze que je suis. L'intérêt du format et des contraintes ne réussit pas à compenser la difficulté de lecture et le fait que je n'ai pas accroché à l'histoire.
Dommage, dommage. Il existe en VF (apparemment traduit avec conservation des contraintes, ce qui est un exploit), mais je n'ai pas le courage. Vraiment dommage.

(pour les non-geeks, l'acronyme au dessus signifie "too long ; did not read")

Pour info, les contraintes : le livre est écrit tète bèche et peu se commencer par n'importe lequel des cotés. Chaque coté est l'histoire d'un personnage. Le nombre de mots sur la page est constant. Les pages se répondent l'une à l'autre entre les histoires. Une pléthore de mots est "interdite" (un peu à la Perec), etc. Un truc de dingue, immensément plus complexe que le génial House of Leaves du même.

Rouge gueule de bois
Court roman complètement déjanté du père Léo, on y croise un héros écrivain et alcoolique qui part vivre la fin du monde à fond les ballons entre la Californie et le Mexique, un cocktail à la main et dans une grosse cylindrée, perdue dans le rêve éveillé du summer of love.
Très sympathique, complètement jeté, avec en plus des recettes de cocktails agréées IBF et une annexe en forme de making-of/journal de route.
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Nouvelles du Disque Monde
Recueil en français des diverses nouvelles écrites par Pratchett pour son univers fétiche, des vrais petits moments de bonheur, à déguster.
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J'abandonne la lecture de Encre de Hal Duncan
C'est long, c'est chiant et c'est inintéressant. Le négatif exact de ce qu'était le premier tome. Poubelle.

Venus Erotica de Anais Nin
C'est un petit recueil de nouvelles érotiques que Nin a écrites dans un but alimentaire, d'après les extraits de son journal qui forme la préface. Malgré cela, et malgré les contraintes de son client ("plus de sexe, moins de poésie"), il s'agit d'un recueil de très beau textes, très sensuels, très chauds. Parfois un peu choquants (tout comme peut l'être Sade, mais dans une moindre mesure). On sent la sensualité de l'auteur et la poésie de sa sensibilité féminine dans ces petites nouvelles. A lire !

Le Livre Sans Nom (anonyme)
Décevant. On nous promet un feu d'artifice à la Tarantino. Ce n'en est que le pâle reflet. On a une histoire de bric et de broc, certes enrichie de personnages un peu funky et de quelques scènes amusantes, mais l'argot manié sans talent (peut être est-ce dû au traducteur mais j'en doute franchement) et les grandes longueurs fatigantes du texte font que le coté "survolté/déjanté" qu'on nous promet chope rapidement une crise d'asthme. Le soufflet est retombé et j'en ai carrément chié pour le finir...
Anecdotique.

Gorazde de Joe Sacco
C'est une bande dessinée de Joe Sacco qui raconte ses reportages à Gorazde pendant la guerre, quand Gorazde était une enclave en territoire ennemi, ravitaillée par une route de l'ONU. Un travail vraiment excellent de l'auteur du magnifique Gaza 1956. On y voit la mentalité des gens, leurs peines et leur joie, sous le trait fidèle d'un Sacco en grande forme.

Petit Dico d'Aqui de Gérard Jacquet (tome 1 sur 2)
Ca ne parlera qu'à moi, probablement, dans le coin. Il s'agit d'un dictionnaire amusant du français parlé du coté de Perpignan, un français mâtiné d'expressions catalanes locale. Adaptation de chroniques radios, l'auteur prends une expression, donne un exemple et l'explique, souvent avec humour. Ca m'a rappelé plein de souvenirs, vu que j'utilisais nombre de ces termes en permanence (et j'en ai gardé quelques uns, encore, tels "ximer" et "a toc".

Eh ben voila. L annee est finie.
J ecris de Budapest pour vous souhaiter a tous une bonne annee 2012, pleine d excellentes lectures.

Boldog Ouy Evett comme on dit par ici..
greuh