folivier - Mes lectures 2011.

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folivier - Mes lectures 2011.

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1folivier
Feb. 4, 2011, 4:43 am

Bonjour, nouveau sur ce forum et sur Librarything depuis 2008, je me lance à vous faire part de mes lectures mensuelles et surtout de mes plaisirs ou déceptions de lecture. A bientôt.
François

2folivier
Bearbeitet: Feb. 21, 2011, 11:37 am

Mes lectures de janvier 2011.

1- La plaisanterie de Milan Kundera. 4★.
Magnifique livre de Milan Kundera. Au-delà de l'analyse politique et historique que l'on peut faire du roman, il s'agit d'une analyse du monde tragiquement comique ! Ludwik qui cherche à se venger d'avoir eu sa vie détruite lorsqu'il était étudiant à cause de la rédaction d'un billet humoristique découvrira le pathétique et le ridicule de sa quête quinze ans après en séduisant la femme, Héléna, de son juge d'alors, Zemanek. Comme l'analyse si bien François Ricard dans la postface du livre, Milan Kundera nous parle d'un monde de la destruction et comment vivre dans ce monde après avoir réalisé sa dévastation.

2 - Indignez-vous ! de Stéphane Hessel. 2★.
Petit opuscule utile, à lire par militantisme et pour marquer son accord sur les grands principes rappelés par Stéphane Hessel, même si le texte est un peu pauvre et la dénonciation très générale. La structure du texte est un peu brouillonne et ressemble plus à une réflexion à voix haute qu'un écrit architecture et argumenté. Néanmoins dans l'ambiance générale de ce début d'année 2011, texte utile pour réveiller les consciences pour celles, et elles semblent nombreuses, qui se sont endormies.

3- Bartleby le scribe de Herman Melville. 4★.
Premier texte d''Hermann Melville que je lis. Superbe écriture. texte drôle parfois, inquiétant et envoûtant. tout comme le narrateur j'ai été fasciné par Bartleby qui pourrait être une petite part cachée de nous même : sortir du temps, du monde. On éprouve la même sollicitude pour Bartleby que celle ressentie par le narrateur, mais quelle solitude, quelle désespérance. Un pur bloc de mystère.

4- Showman Killer T1 : un héros sans coeur - BD. 2★.
Un peu du grand n'importe quoi. Histoire pas très intéressante, dessin sans plus ! bref déception... je n'achèterai pas le tome2.

5- Laïcité : réplique au discours de Nicolas Sarkosy, chanoine de Latran de Jean Luc Mélenchon. 4★.
Petit livre extrêmement utile et nécessaire. Même si l'on peut être en désaccord avec Jean Luc Mélenchon sur ses prises de position politique ou ses sorties contre les journalistes, il faut lui reconnaître un véritable sens du combat idéologique. Ce texte décortique et analyse très précisément la construction intellectuelle de Nicolas Sarkozy pour réintégrer le religieux dans la République. Au-dela des petites phrases qui ont fait le tour des médias au moment du discours de Latran, Mélenchon démontre le danger idéologique et politique sous tendu par les nombreux discours et interviews du président sur le fait religieux et la spiritualité, dont les sources proviennent des diverses encycliques papales et surtout d'une vision superficielle et dogmatique du monde. Un livre fort utile pour tous les défenseurs de la République et de la laïcité.

6- Les disparus de Daniel Mendelsohn. 5★.
Le livre de Daniel Mendelsohn aurait pu être qu'un journal racontant la quête de l'auteur sur sa famille disparue lors de l'holocauste des juifs d'Europe de l'Est en 1942. Cependant, la construction du livre articulé autour des premiers livres de la Bible (Genèse, Caïn et Abel, Noé et le Déluge, Abraham et enfin Sodome et Gomore et le sacrifice d'Abraham) donne une dimension universelle et une puissance de réflexion assez extraordinaire. A chaque livre de la BIble, commenté par les réflexions de l'auteur s'appuyant sur les commentaires d'érudits notamment Rachi au XI° siècle en France et le rabbin Friedman, fin du XX° siècle, correspond une étape de l'histoire de la famille de Daniel et également une étape dans le parcours d'enquête mené par l'auteur.
A Noé et le déluge soit la destruction totale de l'humanité par Dieu, correspond le voyage de Daniel en Ukraine à Bolechov et la description des "Aktions", c'est à dire les massacres succesifs des juifs de cette ville en 1941 puis 1942 et 1943.
Le livre d'Abraham qui décrit son périple parmi les peuples et les pays afin de trouver la terre promise, et qui est en fait une succession d'épreuves avant que Dieu scelle l'aliance avec Abraham et donc le peuple juif, correspond le voyage de Daniel en Israël, Autriche, Danemark, Australie.
A la structure des livres de la BIble qui va du général au particulier, de la création du monde à Abraham en passant par l'humanité, puis un peuple, répond les découvertes de Daniel qui va de l'histoire générale de l'holocauste et des juifs à Bolechov à l'oncle de Daniel, Schmiel et l'arbre dans le jardin ou il a été abattu.
Le livre comporte d'incessant renvoi entre les textes bibliques et leurs interprétations, l'histoire de Schmiel et sa famille à Bolechov ainsi que le voyage de Daniel.
L'arbre de la connaissance qui donne le plaisir ainsi que le malheur est à l'origine de l'histoire (l'arbre du jardin d'Eden) et à sa fin (l'arbre où a été tué Schmiel).
Daniel oublie de se retourner une dernière fois avant de quitter Bolechov, rappel de Lot qui se retournant malgré l'interdiction de Dieu est transformé en statue de sel, symbole des larmes que l'on verse en quittant un lieu aimé mais également le plaisir de cette douleur qui finit par figé.
Image grandiose, l'immense terrain vide du cimetière Juif de Vienne qui attend ses morts disparus dans les camps (p525)
Livre extraordinaire de profondeur qui nous amène à réfléchir sur le bien et le mal (p890), le hasard et la volonté, l'acte de création (p 876 et suivant), le passé et le présent, le souvenir, la mémoire, les images (p334), la représentation d'Auschwitz et les risques de banalisation (p204).
Bref un livre magnifique, très émouvant et profond. On n'en ressort pas indemne et surtout bien plus intelligent.

7 - Jour J - t5 - Qui a tué le président? - BD. 2★.
Histoire un peu tiré par les cheveux. Contrairement aux albums précédents qui partaient d"un évènement historique qui aurait pu basculer d'une toute autre manière que ce qui s'est déroulé, ici on a du mal à comprendre pourquoi l'assassinat de JFK n'a pas eu lieu. Les dessins sont excellents et donne une lourdeur à l'histoire qui rattrape le scénario un peu léger.

3folivier
Feb. 4, 2011, 4:58 am

Help !
Comment faites vous pour faire apparaître les titres des ouvrages lus en "hypertexte" c'est à dire en bleu ?
Merci d'avance de votre aide
François

4Louve_de_mer
Feb. 4, 2011, 4:59 am

Je t'envoie ça en privé. J'ai eu du mal aussi.

5folivier
Feb. 4, 2011, 5:12 am

Merci de ta réponse rapide Cathcartes, je crois qu'entre temps j'ai trouvé...
Merci encore
François

6raton-liseur
Feb. 7, 2011, 5:35 am

3. Bartleby le scribe de Herman Melville
J'ai lu ce livre il y a bien longtemps, et je m'interroge toujours sur sa signification. Je trouve l’expression “un pur bloc de mystère” pour conclure votre critique très bien trouvé !
Bienvenue dans ce groupe de discussion, et bonne continuation dans vos lectures !

7folivier
Feb. 7, 2011, 11:54 pm

Bonjour raton-liseur.
Pour être honnête "un pur bloc de mystère" n'est pas de moi mais de Alain Jaubert qui dans l'édition que j'ai lu (folioplus classiques) signe un petit texte d'analyse de l'oeuvre en faisant un parallèle avec un tableau de Edward Hopper "Bureau dans une petite ville". Et effectivement j'ai trouvé que cette expression décrivait parfaitement le sentiment que j'ai ressenti une fois terminé la lecture de ce petit texte de Melville.
Merci pour votre petit mot d'accueil.

8domguyane
Feb. 17, 2011, 12:23 pm

Bienvenue Olivier,
tu peux nous rejoindre sur le fil http://www.librarything.fr/topic/110164 à propos du petit livre de Hessel

9folivier
Bearbeitet: Feb. 27, 2011, 9:53 am

mes lectures de février 2011.

8- En attendant Godot de Samuel Beckett. 5★
Ouaouh ! Pièce archie connue que je n'avais pas encore lue, ni la chance de la voir au théâtre... eh oui il est toujours temps de combler ses lacunes !
Quel style, quelle écriture ! J'ai été fasciné et impressionné par le long monologue de Lucky à la fin du premier acte. Tout en le lisant je me disais mais comment un acteur peut-il retenir ce texte pour le jouer sur scène.
Le texte est truffé de situation absurde cocasse qui bascule en deux phrases dans le tragique, puis dans le ridicule. C'est fascinant.
Les thèmes et les réflexions sont multiples. On peut discuter longtemps sur cette attente et qui est attendu cependant un thème revient de manière récurrente : le salut..
"- On se pendra demain. A moins que Godot ne vienne. - Et s'il vient ? - Nous serons sauvés."
Mais au lieu de l'attendre il vaut peut-être mieux le chercher.

9- Les visages de Jesse Kellerman. 3★
Roman agréable qui se laisse lire mais qui m'a laissé sur ma faim.
L'intrigue qui se passe dans le monde des galeries d'art de New-York et de la haute bourgeoisie New-Yorkaise est intéressante et on se prend d'intérêt pour Ethan et l'énigme des dessins de Victor Cracke. La construction du roman s'articule autour d'interlude racontant l'histoire de la famille d'Ethan et crée au départ un mystère supplémentaire. Mais au fur et à mesure de la lecture la tension baisse et on constate qu'il s'agit d'un énième thriller sur un tueur en série pour aboutir à une chute est franchement très faible. Par ailleurs, il y a plusieurs fausses intrigues, dont on ne comprend pas bien l'intérêt. Elles n'apportent finalement pas grand chose à l'histoire (ex : les lettre anonymes écrites par une artiste mécontente et imitant l'écriture de Cracke !). La psychologie des personnages n'est pas très approfondie
J'ai été très perturbé par le style utilisé par Jesse Killerman. Il prend le parti pris d'écrire le roman à la première personne, le narrateur étant Ethan Muller, mais dès les premiers lignes, le narrateur, en s'adressant au lecteur, nous dit bien qu'il écrit un roman policier.
"Il faut que je fasse plus roman noir; en tout cas j'aimerai bien..... Ce livre est peut-être un roman policier, mais moi je ne suis pas policier."
Cette construction à trois niveaux : Ethan acteur de l'histoire (personnage), narrateur de l'histoire et auteur de l'histoire (écrivain s'adressant au lecteur) est intéressante. Cette position de style n'est pas maintenu par Killerman. De temps en temps l'auteur se rappelle de son début de roman et fait un clin d'oeil au lecteur par des allusions plus ou moins pertinentes, ce qui casse totalement le ressort de l'intrigue par cette mise en retrait et ce rappel : ce n'est qu'une histoire ! Dommage on a le sentiment que pour ce premier roman, Killerman ne savait pas trop comment positionné son style et sa narration ce qui est la cause de mon point de vue de cette baisse de tension au fur et à mesure du roman et ce désintérêt que j'ai eu sur la fin. Il y a malgré tout dans la première moitié du livre de bonne remarques et réflexions sur l'art, le monde des galeries d'art et de la faune qui gravite dans ce monde faux et superficiel.
Un thriller à lire pour une nuit d'insomnie ou pour lézarder au soleil.

10- Mais le fleuve tuera l'homme blanc de Patrick Besson. 4★
Super roman ! En suivant différents personnages dont les destinées se croisent autour de Brazzaville, Patrick Besson nous livre tour à tour un roman politique, un roman historique, un roman de l'Afrique, un roman d'espionnage, un thriller, ... comme un kaléidoscope et ce n'est qu'à la toute fin du livre que tout se raccorde.
Roman très dense. Au détour d'un paragraphe, en quelques mots chocs, Patrick Besson nous donne sa vision, son analyse de la politique africaine française, le génocide rwandais et il nous amène à travers ses personnages à s'interroger et revoir notre propre vision de ces évènements.
Un style très particulier qui comme l'histoire oscille entre différents genre, phrases très écrites, puis un style parlé, puis des phrases hachées et déstructurées comme la pensée. Un style plein d'humour et bourré de jeux de mots. A la toute fin du roman, l'un des personnages s'adresse à ses tueurs comme étant le lecteur... ce qui nous plonge dans un véritable inconfort car tout d'un coup nous sommes pris à parti... On se demande mais pourquoi il m'interpelle, je ne suis que le lecteur, je n'ai rien à voir là-dedans... et en fait si, quelque part la situation de l'Afrique noire, toutes ces guerres civiles, ces tragédies, ces massacres nous en sommes en partie responsables.
LIvre super, à lire absolument !

11- L'aveuglement de Jose Saramago. 4★
Super roman ! Histoire terrifiante d'une densité incroyable. On retrouve le style si particulier de Saramago, avec cet humour au second degré et ce prise de recul d'analyste. Les personnages du roman sont des animaux de laboratoire que Saramago ausculte et observe après avoir changer les paramètres de la vie... à savoir tout le monde devient aveugle. Il nous livre ses observations sur la nature humaine, le comportement de l'homme et Saramago en profite pour apporter une réflexion très sensible et terrible sur l'humanité, sur la conscience. Saramago au travers de cette fable cauchemardesque nous révèle une part de nous même et laisse entendre qu'il faut passer par cet aveuglement pour réaliser combien on ne sait pas voir et que tout en voyant nous sommes aveugles aux autres et au monde.

12- Page Noire de Franck Giroud et autres - BD. 4★
Franck Giroud frappe encore très fort ! Avec Denis Lapière il signe un scénario génial. On retrouve ce qui fait la signature de Giroud à savoir la mise en abîme : l'histoire dans l'histoire. Nous suivons une journaliste, Kerry Stevens, critique littéraire, qui cherche a obtenir un interview d'un écrivain à succès mystérieux, Carson Mc Neal. Le récit mène en parrallèle l'histoire de Afia, palestinienne réfugiée en France, amnésique de son enfance suite à un choc émotionnel lors d'un massacre commis pendant la guerre du Liban. Les deux histoires finiront par se rejoindre. La construction de l'album et le dessin oscille en s'accélérant entre l'histoire des deux femmes, Kerry et Afia. Superbe album.

13- Logicomix de Apostolos K. Doxiadis - BD. 3★
Enfin un album de bande dessinées qui ne se lit pas en une-demie heure ! 345 pages ! très bavard, donc beaucoup à lire, parfois un peu trop ce qui nuit à l'image. Des dessins intéressants mais qui ne m'ont pas accroché. A conseiller à tous ceux qui aiment les mathématiques, la logique, la philosophie, l'histoire de la pensée et des idées. Un album très dense un peu ardu, heureusement qu'il y a en fin d'ouvrage un lexique pour apporter quelques explications qui restent néanmoins assez sommaires. J'ai été néanmoins un peu déçu par cet ouvrage. Je m'attendais à une démarche un peu plus didactique sur les fondements des mathématiques et les relations avec la philosophie. Les auteurs nous font revivre cette période de l'histoire des sciences et des idées, en s'interrogeant sur cette folie qui est le trait commun à tous ces logiciens et philosophes. Un album qui demande une relecture plus posé pour décrypter les chemins de réflexions que j'ai entre-aperçu mais pas franchement compris.

14- 10761910::L'orfèvre - les intégrales de Raives - BD. 2★
Album assez banal en ce qui concerne le scénario. Des enquêtes, de l'exotisme... bref rien de bien original.
Les 5 histoires qui composent l'album se lisent facilement, les dessins sont très beaux et rehaussent la qualité de l'album.

15- En bas, les nuages de Marc Dugain. 4★
7 nouvelles, 7 histoires parfois très courtes, avec des thèmes ou des sujets parfois très simples (le monde de l'édition et de la littérature, le 11/9, la mort, Dieu, l'holocauste, une demeure à la campagne...) qui donnent un fil conducteur à toutes ces histoires et qui inter-connectent les personnages entre eux. Je me suis beaucoup interrogé sur le titre et l'illustration de l'édition que j'ai lu (Folio - Gallimard - 2010).
Ce doigt de Dieu (rappel de la fameuse fresque de Michel Ange) qui crée le monde, un onde qui se propage et qui déclenchera des évènements, mais l'ombre de sa main ressemble à un monstre ?! Est-ce cela le résultat de sa création ? En bas, les nuages et sous les nuages l'humanité qui se débat avec ses doutes, ses interrogations, ses petites horreurs quotidiennes, mais qui luttent pour s'en libérer..
"L'homme avait puni Dieu en le condamnant à une retraite forcée et Dieu se vengea pendant des siècles. Toutefois il lui était impossible de rompre le lien avec nous et ce fut une de nos grandes chances. Car qui d'autre parlerait de lui si nous venions à disparaître ?".
Une superbe écriture au service d'histoires simples qui nous amènent insensiblement à de belles interrogations.

16- L'attentat de Yasmina Khadra. 4★
Très beau livre d'une histoire de rédemption ou de résurrection. Le docteur Amine poursuit une quête pour comprendre le geste de sa femme, comprendre quand, où et pourquoi sa femme s'est éloignée sans qu'il s'en aperçoive, trompé par le bonheur matériel du bien-être, de la vie facile, des honneurs, comprendre quels ont été les signes que sa femme lui a forcément envoyés... Finalement il va retrouver ses origines, son clan, sa terre et découvrir ce qu'il a voulu fuir en s'intégrant en Israël : la Cisjordanie et la vie des Palestiniens vivant dans un cycle infernal de vengeance et répression.
J'ai été pris par l'histoire. L'auteur nous prend par la main pour accompagner le docteur Amine et nous amené également à réfléchir sur le désarroi du peuple Palestinien, sur les raisons qui poussent certain à commettre des attentats suicides sans forcément les comprendre et encore moins les justifier.
Yasmina Khadra emploi parfois un style un peu trop travaillé, littéraire, qui m'a parfois gêné dans l'accumulation de comparaison et d'image qui alourdit le rythme du récit et qui donne la sentiment que l'auteur marque en gras et souligne deux fois "attention lecteur ici effet de style !"
Dommage également que ma lecture ait été perturbé par un nombre important de coquilles et erreurs typographiques dans l'édition (Pocket - 2010), alors qu'il s'agit d"un second tirage !

10raton-liseur
Feb. 27, 2011, 7:10 am

Eh bien, cela a l’air d’avoir été un mois riche en lectures, avec d’intéressantes trouvailles! Merci pour toutes ces critiques intéressantes !

11folivier
Bearbeitet: Apr. 11, 2011, 1:18 am

mes lectures mars 2011.

17- Ce Livre va vous changer la vie de AM Holmes. 3★
Livre agréable. Une belle histoire d'une redécouverte des autres. En redevant simple, ouvert aux autres, vivant le moment présent on peut se découvrir et retrouver des relations profondes avec son entourage et sa famille. Petit bémol néanmoins cette belle histoire fonctionne car Richard Novak peut se permettre de se consacrer aux autres et leur facilité la vie en ne se préoccupant pas du quotidien grâce à sa fortune... ça aide !
Une écriture rapide, très agréable à lire, qui décrit des situations parfois assez loufoques, souvent amusantes.
J'avais été intrigué et attiré par le titre du roman qui me laissait espérer un roman profond et dense. Le roman reste léger et un peu superficiel.

18- La Caverne de Jose Saramago. 5★
Encore une fois un texte magnifique de Saramago. J'ai retrouvé de nouveau ce style si particulier, l'auteur décrivant, comme vu du dessus, ses personnages et les situations, apportant avec un humour au second degré des commentaires, laissant entendre que les personnages mènent leur propre existence tout en précisant qu'il maîtrise à la toute fin l'avenir comme un dieu tout puissant.
Comme d'habitude avec Saramago, e style est au service d'une histoire, un conte métaphorique qui nous délivre une analyse et vision de notre monde très angoissante.
Dans ce roman "La Caverne", Saramago nous décrit notre monde comme étant le prolongement de la caverne de Platon. Nous sommes enchaînés au fond de la caverne, fascinés par les ombres projetés sur le fond de la grotte et persuadés qu'il s'agit du monde réel. Au travers de ce roman, j'ai lu une dénonciation de notre société de consommation, d'une société du futile et du superficiel, gouverné par les marchands, créant des besoins inutiles et mortels.
On ne sait jamais ce qu'est réellement le Centre, qui sont ces gens, qui gouvernent. Cipriano Algor, le potier, n'a des relations qu'avec des fonctionnaires, des subalternes, des sous-chefs. Son gendre, Marçal, est recruté comme garde résident, sans que l'on comprenne vraiment la raison de ces gardes dans le Centre. Tout au long du roman, on ne peux que penser à l'univers de Kafka. Notamment cet échange entre un sous-chef et Cipriano qui fait irrésistiblement pensé à la chute du Le Procès de Kafka :
"Mon cher Monsieur, je suppose que vous ne vous attendez pas à ce que je vous dévoile le secret de l'abeille, J'ai toujours entendu dire que le secret de l'abeille n'existe pas, qu'il s'agit d'une mystification, d'un faux mystère, d'une fable qu'il faut encore inventer, d'un conte qui aurait pu être mais qui n'a pas été, Vous avez raison, le secret de l'abeille n'existe pas, mais nous, nous le connaissons."
On relèvera dans cette citation, le style si particulier de Saramago, n'employant que des virgules et des points pour la ponctuation et utilisant les majuscules pour introduire les échanges de dialogues.
Saramago crée un parallèle entre les corps enchaînées découverts au fond de la caverne sous le Centre et les figurines d'argiles fabriquées par Cipriano et sa fille. Mais à la différence des cadavres qui nous représentent enchaînées face à un mur au fond d'une grotte, les figurines sont le symbole du nouvel homme, libre en ce sens que la pluie les transformera en boue et le soleil en poussières, retournant ainsi à leur origine naturelle dans un cycle sans fin de création.
Livre magnifique (comme tout les écrits de Saramago) à lire absolument.

19- Le dictionnaire du pire de Stephane Legrand. 3★
Etonnant, hilarant, grinçant... Ce dictionnaire du pire reprend des mots et des expressions pour les passer au crible du cynisme, de l'humour noir, du scepticisme absolu. A lire à petite dose car au bout de quelques pages cela devient très déprimant, et parfois un peu lassant car les ficelles du cynisme de l'auteur deviennent un peu grosses.
Cependant, ces définitions ont le mérite de nous obliger à voir autrement, à comprendre différemment et au moins à nous interroger tout en rigolant de cet humour vache et très sombre.

20- La solitude des nombres premiers de Paolo Giodarno. 3★
Livre agréable à lire, bien écrit, une histoire un peu "fleur bleue" pas suffisamment creusé. Mattia, mathématicien surdoué et enseignant, est traumatisé depuis qu'il est jeune par sa responsabilité dans la disparition de sa soeur jumelle, handicapé mentale et Alice, employée dans un laboratoire de photos, anorexique et handicapée depuis un grave accident de ski, se cherchent, se fuient, se retrouvent sans jamais se rejoindrent comme des nombres premiers jumeaux, inexorablement séparés par un nombre pair. J'avais été intrigué et séduit par le titre du roman, je reste un peu sur ma faim même si on passe un bon moment de lecture.
"Les nombres premiers ne sont divisibles que par 1 et par eux-mêmes. Ils occupent leur place dans la série infinie des nombres naturels, écrasés, comme les autres entre deux semblables, mais à un pas de distance. Ce sont des nombres soupçonneux et solitaires, raison pour laquelle Mattia les trouvait merveilleux. Il lui arrivait de se dire qu'ils figuraient dans cette séquence par erreur, qu'ils y a vaient été piégés telles des perles enfilées. Mais il songeait aussi que ces nombres auraient peut-être préféré être comme les autres, juste des nombres quelconques, et qu'ils n'en étaient pas capables... Mattia avait appris que certains nombres premiers ont quelque chose de particulier. Les mathématiciens les appellent premiers jumeaux : ce sont des couples de nombres premiers voisins, ou plutôt presque voisins, car il y a toujours un nombre pair qui les empêchent de se toucher vraiment." (Chap 21 p149)
"Il l'avait appris : les choix se font en l'espace de quelques secondes et se paient le reste du temps" (Chap 43 - p333)

21- Troisième chronique du règne de Nicolas Ier de Patrick Rambaud. 3★
Tout comme les deux premières chroniques, un amusant moment de lecture pour se remémorer la vie politique française juin 2008 - mai 2009 et les tribulations de cet opportuniste inculte qui nous sert de Président... et toute sa cour. Evidemment sarkozyste s'abstenir !

22- Expiation de Ian McEwan. 4★
Très bon livre. Le roman aboutit à un final magnifique, qui donne tout d'un coup une relecture des pages précédentes et correspond comme un écho aux réflexions de Briony sur l'écriture d'une fiction dans les premières pages du roman. Le roman boucle sur lui-même et comme une mise en abîme on comprend que nous lisons le roman d'un roman. L'écrivain comme un Dieu peut modifier l'histoire à volonté, mais malgré tout la réalité perdure la guerre et ses horreurs et la magnifique beauté de la nature, la médiocrité, la lâcheté de certain et la grandeur d'âme, le courage des autres. Mais a trop vouloir mener de front toutes ces interrogations et réflexions, Ian McEwan en a perdu en intensité. Force et intensité qu'il arrive à tenir en début de roman et y revenir dans la dernière partie.
Néanmoins un très beau roman, qui m'a un peu moins impressionné que Samedi du même auteur.
"... un conte, c'était une forme de télépathie. par le biais de symboles tracés à l'encre sur une page, elle était capacble de faire passer réflexions et sentiments de son esprit à celui du lecteur. C'était un processus magique, tellement banal que personne ne s'en étonnait plus. Lire une phrase et la comprendre revenait au même..." (p58)
"... comment un écrivain peut-il se racheter, alors que doué du pouvoir absolu de décider de la fin, il est également Dieu? Il n'a personne, ni entité ni forme supérieure à qui en appeler, avec qui se réconcilier ou qui puisse lui pardonner. il n'existe rien en dehors de lui. En imagination, il a fixé les limites et les termes. Pas d'expiation pour Dieu ni piur les écrivains, même s'ils sont athées. Cela a toujours été une tâche impossible, et là résidait justement l'intérêt. L'entreprendre, voilà l'enjeu." (p487)

23- Le seigneur des porcheries de Tristan Egolf. 5★
Roman incroyable. En suivant l'histoire de John Kaltenbrunner, Tristan Egolf nous entraîne, chapitre après chapitre, dans un resserrement du temps, vers l'apocalypse. Il nous montre dans cet univers clos de la ville de Baker, le comté de Greene et la Pullman Valley, que les hommes pour dépasser leur misère sociale, leur désespérance, peuvent devenir des monstres.
"l'identité de l'indigène de base se définissait par son opposition butée à ce qu'il n'était pas, à des forces autres, extérieures" (p492).
Egolf au travers de cette métaphore nous retourne un miroir sur nous même et sur le "cochon" ou la porcherie qui existerait en chacun de nous.
"Et surtout dans la porcherie que nous portions en nous et que nous ne pouvions plus fuir que nous l'approprier, la porcherie où nous courions en tous sens pour nous échapper, mais que nous finissions par traîner avec nous où que nous allions" (p602).
Dans ce chaos, cet enfer d'ignorance, de crasse et de bêtise, il reste un espoir que le désastre, l'apocalypse amène chacun à réfléchir. Malgré que les hommes refusent de voir et d'accepter ce qu'ils sont devenus et feront tout pour transformer la réalité, laisser le temps faire son oeuvre en réinventant l'histoire et se déculpabiliser, les conséquences du cataclysme déclenché par John perdureront et oeuvreront, cependant cela nécessite un sacrifice par la mort d'épuisement de John qui est arrivé au bout de sa révolte.
".. Il avait su avec certitude que rien n'était fini, que John n'était pas dans un monde meilleur, et qu'un objet en mouvement tend à rester en mouvement." (p607).
Des situations qui nous interpellent comme la relation que nous avons avec nos ordures ainsi qu'avec les hommes qui traitent ces déchets que nous refusons de voir, l'hystérie de violence des supporters des équipes adverses de basket lors du match de barrage qui sera le moment de l'apocalypse et du déchainement de violence et de haine.
Un style très perturbant au départ qui demande un effort pour se plonger dans l'univers très inquiétant de Egolf puis au fil des pages qui envoûte et captive.
Un livre à lire absolument.

12folivier
Bearbeitet: Apr. 26, 2011, 11:12 am

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13folivier
Apr. 26, 2011, 10:59 am

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14folivier
Bearbeitet: Mai 30, 2011, 2:12 am

Mes lectures avril 2011.

24- Le bleu est une couleur chaude de Julie Maroh-BD-2★.
Le titre de l'album ainsi que l'attribution du prix du public Angoulême 2011, m'avaient donné envie de découvrir cette auteure.
Nous suivons l'apprentissage de l'amour d'une jeune adolescente et la découverte de son homosexualité. Le scénario décrit bien le désarroi, la peur, les questionnements mais également l'envie d'amour de la jeune fille. L'histoire nous montre également les difficultés d'une relation de couple homosexuel dans une société ayant encore de nombreux blocages et préjugés sur le sujet. L'auteure illustre bien les réactions de rejet et d'incompréhension de ses ami(e)s et parents.
La couleur bleu est le fil conducteur de cette histoire, le bleu devenant symbole de cet amour et de cet épanouissement.
Néanmoins, je suis resté un peu en retrait par rapport à l'histoire et le dessin ne m'a pas totalement convaincu.

25- Revue 6 mois de Collectif - 5★.
Magnifique revue ! Editée par le même groupe qui publie la revue XXI°, cette revue permet de prendre le temps, de rêver, d'admirer, de réfléchir, de s'enrichir. Idée géniale et audacieuse de remettre en avant le photo-reportage, à l'heure de l'urgence, de l'immédiateté, de l'instant, 6 mois permet de faire une pause.
Le 3° reportage sur les chinois en Afrique est impressionnant. J'ai été très touché par le récit de la triste vie de Julie. A voir les magnifiques photographies de Nedjma Berder qui mêlent couleurs et noir & blanc, ainsi que les photos en trichromie de la russie du tout début du XX°.
Bravo aux concepteurs et vivement dans 6 mois pour le prochain numéro.

26- Far Away de Gabriele Gamberini-BD-5★.
Magnifique album. Superbe belle histoire d'une rencontre et d'un road-movie. Dessins fabuleux. Des paysages du Canada et des Etats-Unis absolument envoûtants. Chaque vignette permet de s'évader. C'est un album magique ! A lire, à voir et à déguster de toute urgence.

27- Les veilleurs de Vincent Message - 5★.
Livre incroyable, époustouflant, génial ! Bref j'ai adoré.
Oscar Nexus a tué trois personnes dans la rue sans mobile apparent. A 30ans, Nexus, amnésique de son passé, dit être né depuis un an. Après avoir été condamné à perpétuité, il est transféré dans un hôpital psychiatrique. Les soins et traitements administrés ne lui permettent pas de retrouver la mémoire. Parmi les victimes il y a une femme, Ania, maîtresse de Samuel Drake, gouverneur de la province et de la ville Regson. Ce dernier pense que par ce meurtre quelqu'un cherche à l'atteindre. Il ordonne à Paulus Rivielro, inspecteur de police, de se joindre à un célèbre psychiatre, le docteur Joachim Traumfreund, pour reprendre l'enquête et l'interrogatoire de Nexus. Les méthodes du psychiatre sont assez originales. Nexus est interné dans un maison-vaisseau niché au fond d'une vallée en montagne, isolée de tout, surveillé en permanence par deux infirmiers, Traumfreund et Rivielro.
Ils vont découvrir que Nexus, à chaque phase de sommeil, poursuit le même rêve. Pour redonner la mémoire à Nexus et comprendre les raisons de ses meurtres, Traumfreund et Rivielro vont s'employer à entrer dans le rêves de Nexus, parcourir son imaginaire et découvrir un monde parallèle.
Vincent Message a écrit un roman sur la raison et l'imaginaire, qui se livre une guerre civile depuis des siècles. Dans notre monde rationnel et technique, obnubilé par l'efficacité, la rentabilité, l'imaginaire a été totalement renié et au mieux admis comme étant l'expression de non-dit qu'il faut analyser rationnellement. Mais tout le roman s'interroge sur la possibilité de faire coexister l'imaginaire avec le réel. L'auteur symbolise cet équilibre par l'équinoxe, totalement oublié dans nos sociétés qui préfèrent célébrer les solstices d'hiver et d'été.
Au fur et à mesure que nous découvrons le monde imaginaire de Nexus, Vincent Messager arrive à nous faire douter de l'existence du réel. Finalement en quoi l'imaginaire peut-il influencer et créer le réel? En décrivant très précisément les lieux géographiques, en attribuant des noms à chaque villages, rivières, montagnes et surtout en faisant référence parfois à des lieux réels (Canada, Terre, ...) le monde dit réel, mais néanmoins imaginaire de l'auteur devient véritablement réel. D'où l'énorme trouble que l'on ressent lorsque que l'on plonge dans le monde imaginaire de Nexus, le Séabra avec ses régions, son désert, ses villes immenses. On ne sait plus où est le réel et l'imaginaire. Alors qu'il s'agit des rêves de Nexus, on finit par l'oublier et croire qu'il s'agit vraiment d'un monde parallèle réel et que le monde de Regson est le miroir imaginaire.
Thème omniprésent, les visages et le regard. Zone d'expression et de communication entre les hommes. Medium obéissant à des règles en société pour chaque circonstance, qui est source d'imagination et d'interprétation et de manipulation.
Le roman peut également être lu comme une critique de nos sociétés et de ses dérives. Critique des intellectuels, critiques de l'hypocrisie des politiques, critiques de nos sociétés de consommation. A tout moment les situations décritent font écho a des évènements de notre monde et nous interrogent
L'écriture de Vincent Message est truffée de petites phrases très imagées (imaginaire !) permettant en quelques mots de décrire des situations doubles (L'autre a les mains mal rasées et les joues moites, le roseau faisait fléchir les chaînes, des dizaines de cerisiers qui gardent au cours de l'année en eux l'idée de fleurs et la laissent surgir au printemps en une explosion de vie).
Il invente des mots lui permettant de révéler des sens cachés (les gardiens qui déblavardent, certains avocacteurs, corps musculaturés, carnavalges).
Vincent Messager s'appuie sur des multiples clins d'oeil et références culturels (la banque Fafner évoquant le dragon de la tétralogie de Wagner gardant l'or du Rhin, la stèle présente avant le déluge dans le monde de Séabra évoquant la stèle de 2001 Odyssée de l'Espace de S Kubrick, Le nom du psychiatre Traumfreund soit l'ami des rêves en allemand, etc, etc).
Roman immense dont je pourrais citer chaque page. Roman exigeant d'une densité extraordinaire dont je n'ai certainement pas vu toutes les clés.
Roman à lire absolument et à relire.

28- L'homme-soeur de Patrick Lapeyre - 3★.
D'une écriture très sensible, Patrick Lapeyre, décrit et raconte l'histoire d'Alex Cooper, cadre dans une banque, célibataire, vieux garçon, dont la vie se résume dans l'attente de sa soeur, Louise. Cette dernière est l'exact opposé de Cooper. Elle brûle la vie, voyage, additionne les conquêtes amoureuses sans pour autant être heureuse.
Petit à petit, Cooper, depuis longtemps déconsidéré dans son travail, par son obsession en sa soeur, accumule les échecs amoureux et sentimentaux. Cooper est réaliste sur sa situation et son état et par renoncement fini par s'abandonner et se détruire lentement.
Le récit est structuré par très court chapitre comme des touches successives qui nous font découvrir et comprendre l'amour fusionnel de Cooper pour sa soeur, son attente, son désespoir et son immense solitude.
Bon roman qui pourtant ne m'a pas enthousiasmé.

29- Au-dela du mal de Shane Stevens - 3★.
Bon roman, une intrigue prenante qui captive la lecture. L'écriture rapide, avec un style assez sec de style compte rendu, donne du rythme à l'histoire permettant de suivre les différents personnages à la poursuite de leur propres objectifs. La chasse à l'homme de Thomas BIshop, devient un prétexte pour chacun. Avec un cynisme et une hypocrisie absolue, tous cherchent à manipuler et piéger afin d'atteindre leurs propres ambitions de pouvoir et de renommée. L'histoire se déroule dans les années 1975, sous la présidence Nixon, en pleine affaire du Watergate. Ce roman peut également être lu comme un récit en hommage au journalisme d'investigation dont la référence absolue aux Etats-Unis est Bob Woodward et Carl Berstein, cités dans le texte.
La chute du roman très surprenante nous laisse sur une énigme... ou bien la révélation que le tueur dont on ne connait pas le père, dont finalement il peut y avoir des doutes également sur sa mère, dont on ignore tout, serait le mal absolu.
J'ai regretté néanmoins que l'auteur se soit cru obligé d'utiliser quelques grosses ficelles qui parfois n'apportent pas grand chose à l'intrigue... un peu de sexe, un peu d'horreur, pas beaucoup de profondeur et de réflexion.
Néanmoins thriller très agréable à lire. Excellent à emporter pour des vacances.

30- La Croix de Cazenac l'intégrale tome1 de Pierre Boisserie-BD- 3★.
Nouvelle édition d'une série débutée en 1999. En format compact cet album regroupe les trois premiers volumes.
J'ai été séduit par le scénario des deux premiers tomes, mais un peu déçu par la tournure que prend l'histoire dans le tome 3, rebondissement mélodramatique un peu grand-guignol, laissant présager une dérive dans le surnaturel... en s'éloignant de l'atmosphère d'affaire d'espionnage durant la première guerre mondiale.
Les dessins sont somptueux ce qui rattrapent la faiblesse du scénario.

31- Cabinet des douze, regard sur des tableaux qui font la France de Laurent Fabius - 4★.
Vivement conseillé à tous les amateurs d'art et de peinture. Pour (re)-découvrir quelques oeuvres commentées par un véritable amoureux de peinture. Laurent Fabius tente, par le biais d'une analyse de certaines oeuvres d'art, de donner une description de ce qui pourrait être une identité française. Il nous montre en quoi les artistes et leurs oeuvres sont le résultat d'une société, d'une culture et qu'en retour ils et elles façonnent notre culture et notre société. Par petits chapitres nous parcourons quelques oeuvres de grands peintres, La Forge de LeNain pour parler du Peuple, Portrait de Voltaire de Maurice Quentin de la Tour pour aborder l'impertinence, Le Serment du Jeu de Paume de David pour la France Parlementaire, Napoléon par Ingres pour les représentations des chefs d'Etats, Le Pont de l'Europe de Caillebote pour les Villes, Le déjeuner des canotiers par Renoir pour l'insouciance, Cathédrale de Rouen par Monet pour les cathédrales, Sur la terrasse de Matisse pour l'ailleurs, Femme se coiffant de Picasso pour la guerre, Footballeurs de De Staël sur le sport,Tintin au Congo d'Hergé sur l'art au service de tous et Peinture de Soulages pour la matière noire. De très belles pages notamment lorsque Laurent Fabius traite de thèmes peu éloigner de son parcours personnel et de son expérience : la ville, l'insouciance, l'impertinence, le peuple, les cathédrales... Une manière très agréable de réfléchir et s'instruire.

32- Une brève histoire du monde de Ernst Gombrich - 2★.
Attention il y a tromperie sur la marchandise de la part de l'éditeur ! Les Editions Hazan, s'appuyant sur l'immense renommée, à juste titre, de l'histoire de l'art écrite par Ernst Gombrich, "oublient" de préciser qu'il s'agit d'un texte écrit vers 1935 et que l'auteur, ayant environ 25 ans, s'adresse à un jeune lecteur. En fait il s'agit d'une histoire du monde racontée à un enfant par un jeune homme du début du XX° siècle. Le style et surtout la manière de parcourir l'histoire de l'humanité s'en ressent énormément ! Gombrich raconte l'histoire vue au travers des "grands hommes" et les anecdotes les concernant. Le texte n'est qu'un alignement des clichés les plus rebattus de l'histoire essentiellement occidentale, européenne et particulièrement allemande. Cependant, le livre est rattrapé par le dernier chapitre écrit en 1990, par un Gombrich, homme mur, qui a eu le temps de méditer sur l'histoire des hommes et a vécu la montée du nazisme, la seconde guerre mondiale et la découverte du génocide des juifs, la chute du mur de Berlin et la réunification des deux allemagnes. Ce simple chapitre où Gombrich reconnait des erreurs d'appréciation et d'analyse et rectifie quelques points de vue, redonne une dimension humaine et relativise les erreurs de jeunesse de cette histoire du monde.
Le livre a au moins le mérite de donner en perspective toute sa valeur aux nouvelles démarches historiques apparues dans les années 1960 (cf- la nouvelle école histoire en France au travers des Annales avec Duby) permettant de sortir de l'historiette et des anecdotes et d'envisager l'étude de l'histoire des peuples au travers de divers domaines de la sociologie, de l'économie, de la géographie s'appuyant sur les nouvelles méthodes de recherche et d'analyse des documents.
En faisant abstraction de ses nombreux défauts et en prenant un peu de recul, cette histoire du monde a également le mérite de nous donner une petite révision de nos classiques.

33- Tout seul de Christophe Chabouté-BD- 5★.
Première découverte de cet auteur et coup de coeur absolu !
Nous découvrons isolé, dans un phare en pleine mer, un être difforme, seul, qui est né dans ce phare et n'a jamais quitté cet îlot. Il a pour tout univers la mer et la pêche, comme seul compagnon un poisson dans un bocal et comme seule distraction son imagination en piochant au hasard les mots du dictionnaire. A partir de ces éléments de départ, Chabouté nous délivre une histoire pleine de tendresse et de poésie, avec des pointes d'humour et d'ironie sur les quiproquos que peuvent engendrer les définitions du Petit Larousse, d'une humanité bouleversante.
L'histoire s'appuie sur un dessin à l'encre magique. La mise en page et la succession des vignettes donne un mouvement de caméra permanent qui donne une fluidité au récit et nous transporte dans cet univers de solitude. En parcourant l'album, on entend les cris des goélands, le bruit du ressac sur les rochers, le vent en haut du phare, on hume les embruns et respire le grand air.
C'est un album à lire absolument et qui vous donnera un beau regard sur les hommes et le monde.

15folivier
Bearbeitet: Mai 30, 2011, 2:30 am

Mes lectures mai 2011.

34- Fables amères de Christophe Chabouté - BD- 4★.
Super ! Intelligent, plein d'humanité. En quelques courtes nouvelles, Chabouté brosse un tableau de nos travers et de notre société aveugle, individualiste, sans compassion et inattentive aux autres. Très très bel album, à lire et à relire. Chaque petite nouvelle amène à réfléchir et s'interroger. Comme d'habitude avec cet auteur le dessin est superbe. Le montage des vignettes, l'intelligence des plans, parle d'eux même et donne à comprendre sans avoir besoin d'ajouter des paroles. Le dessin donne à entendre, à sentir et ressentir. C'est génial et sublime.

35- Purgatoire de Christophe Chabouté - BD- 4★.
Cette fois-ci Chabouté marie la couleur et le noir et blanc. Benjamin Tartouche est mort renversé par une voiture et doit "acheter" son passage au paradis en retournant sur terre en tant que conscience auprès des vivants. Idée géniale du purgatoire qui serait que les morts sont autour de nous en tant que conscience et qu'ils tentent pour se racheter de nous sauver en nous remettant dans le chemin de la fraternité, de la beauté, du sourire et de l'envie de vivre. Chabouté nous livre un album merveilleux plein de tendresse, de clin d'oeil humoristique léger, d'un regard sans complaisance sur notre société. En racontant une histoire simple, de tous les jours, Chabouté délivre une morale généreuse et optimiste. Un album qui fait du bien et donne envie d'aller vers les autres.

36- Les princesses aussi vont au petit coin de Christophe Chabouté - BD- 3★.
Déception pour ce nouvel album de Chabouté. A partir d'un scénario un peu plus élaboré que les précédents album, Chabouté perd en cours de route ce qui faisait à mes yeux toute la qualité de ses précédents album : la poésie, la profonde humanité et un espoir sur la vie et les hommes. Cette fois-ci je n'ai pas été séduit par le récit. Le dessin toujours aussi génial perd de son intensité à cause du scénario qui s'appuie sur plus d'action et beaucoup plus de dialogue.

37- L'écriture ou la vie de Jorge Semprun- 4★.
Très beau récit. Semprun écrit ce livre en 1992, presque cinquante ans après avoir été libéré du camp de concentration de Buchenwald. Le récit nous révèle par des incessants allers-retours au fil des souvenirs et de la mémoire de l'auteur, comment il a été possible pour lui d'écrire après avoir vécu l'horreur absolue des camps. Comment écrire de la fiction ? Comment raconter ? Où est le rêve, la réalité ? Où est la vrai vie ? Les rescapés des camps de concentration n'en sont jamais réellement sortis, le mal absolu les hante pour toujours et leur donne cette sensation que la réalité est le camp et que maintenant ils vivent un rêve terrible car ils vont finir par se réveiller, ou ce qu'ils ont vécus n'est qu'un cauchemar et que ces années d'horreurs n'ont jamais existé. Sensation renforcée par l'incrédulité des gens lorsque la vérité sur les camps a été révélé. Semprun raconte comment Primo Levi n'a pas trouvé d'éditeur lorsqu'il a voulu publier son premier livre "Et si c'est un homme".
Semprun nous livre des réflexions admirables sur le mal, la volonté de vivre, la mort, l'écriture.
Si les premières pages du récit sont assez perturbantes par le style, au fil des pages on se laisse prendre par ces sauts incessants dans la mémoire de l'auteur. Les souvenirs et les thèmes reviennent de manière incessante et lancinante comme des leitmotiv qui hantent l'esprit de Semprun et qui l'empêche de vivre. La neige symbolise l'enfer de Buchenwald et revient sans cesse dans ses cauchemars.
Au fil du récit on a le sentiment d'écouter Semprun réfléchir à haute voix, d'être à ses côtés et de comprendre comment pendant des années écrire serait le droit chemin à la mort.
Seul l'art, la fiction sera capable de raconter.
"Comment raconter une vérité peu crédible, comment susciter l'imagination de l'inimaginable, si ce n'est en élaborant, en travaillant la réalité, en la mettant en perspective? Avec un peu d'artifice donc!....... par l'artifice de l'oeuvre d'art bien sûr!" (p166 Ed Folio).
"A Buchenwald, les SS, les Kapo, les mouchards, les tortionnaires sadiques, faisaient tous partie de l'espère humaine, que les meilleurs, les plus purs d'entre nous, d'entre les victimes... La frontière du Mal n'est pas celle de l'inhumain, c'est tout autre chose. D'où la nécessité d'une éthique qui transcende ce fonds originaire où s'enracine la liberté du Bien que celle du Mal... Une éthique, donc, qui se dégage à jamais des théologies, puisque Dieu par définition, est innocent du Mal. Une éthique de la Loi et de sa transcendance, des conditions de domination, donc de la violence qui lui est justement nécessaire..." (p216 Ed Folio).
La fin de l'ouvrage est désespérante. La réflexion sur l'inéluctable disparition des rescapés des camps et donc la perte de la mémoire physique du Mal absolu "dans la juste mesure où il es niché en chacun d'entre nous, comme liberté possible" (p374) vient en contradiction sur ce que nous révèle Semprun concernant l'utilisation de Buchenwald par les staliniens comme camp de concentration et où une nouvelle fois des milliers de personnes ont disparu. Le Mal absolu continu d'être présent parcequ'il est une liberté possible de chacun d'entre nous et donc il y aura toujours des témoins pour parler de ce Mal.
Un seul petit reproche au récit de Semprun, de nombreuses citations de poèmes, de textes en anglais, en allemand, en espagnol, italien,... m'ont perturbé dans ma lecture car la qualité et la profondeur de ces extraits m'ont échappé, ne connaissant pas suffisamment toutes ces langues, même si Semprun donne au fil du texte des traductions morcelées et des commentaires.
Livre très intellectuel mais une fois dépassé les références littéraires, philosophiques et poétiques on se laisse prendre par ce récit. Semprun nous invite, au travers de son expérience douloureuse, à une très belle réflexion sur le Mal.

38- L'agneau de Christopher Moore- 1★.
Ecrire un remake des évangiles, pourquoi pas cela peut être amusant. Raconter l'histoire de Jesus-Christ, surtout la période de son enfance et ses premières années d'adulte, pourquoi pas cela peut être intéressant. Créer un choc humoristique et culturel en faisant ressurgir le meilleur ami de Jesus au XXI° siècle accompagné de l'ange Gabriel et condamné à écrire ses mémoires et donc également la vie du Christ pourquoi pas cela peut être étonnant. Tout cela fonctionne a peu près les cent premières pages du livre, puis l'effet comique devient un peu lourd voir fatiguant.
Les idées de l'auteur sur les voyages en Asie, en Inde et en Chine de Jésus à la recherche des rois mages afin de recueillir auprès d'eux les enseignements mystiques, ésotériques, magiques qui apportent les explications et les causes de ce qu'à été Jésus décrit dans les évangiles, deviennent du grand n'importe quoi.
Le grand défaut du livre c'est qu'il reste à la surface de l'histoire et des anachronisme sans chercher à approfondir et apporter un nouveau regard ou une réflexion sur la religionau travers de cette relecture de la vie de Jésus. En ce qui concerne le côté humoristique, Christopher Moore se contente de jouer sur les anachronisme de langage.
L'auteur s'est cru obligé de rédiger une postface afin d'expliquer son propos et sa méthode de recherche. Ce seul élément est pour moi la démonstration que lui-même a bien ressenti cet aspect très superficiel de son livre et qu'il cherche à justifier ses délires par des faits historiques tout en reconnaissant des énormes incongruités de temps et d'époque.
Bref très déçu par ce bouquin qui n'apporte rien.
Un autre mystère pourquoi ce livre a t-il été édité dans la collection Folio Policier ?

39- New York, Trilogie de Will Eisner- BD- 4★.
Superbe découverte d'un pionnier de la bande dessinée qui a développée cet art comme un mode d'écriture en soi et a été le premier à créer le "roman graphique".
Superbe album, plein de petites histoires sur la ville et les gens. Toutes les scènes, les croquis, les histoires se déroulent à New-York, mais sont universelles lorsque Will Eisner parle de la solitude, de l'indifférence, des phénomènes de foule mais également lorsqu'il décrit les rues comme un petit village, les relations de voisinage. Certaines histoires sont très pessimistes, d'autres avec plein d'humour. C'est un album à déguster petit à petit, à petite dose. Encore un grand nom et un grand dessinateur qu'il faut découvrir et qui nous amène à une saine réflexion sur notre relation aux autres en tendant un miroir sur nos vies de citadins.

40- Les funambules de Antoine Bello - 4★.
Il s'agit du premier livre publié par Antoine Bello. Recueil de nouvelles on retrouve les prémices de ce qui nourrira ses futurs romans : distordre la réalité et la poussée à l'absurde, la poésie, le rêve; raconter une histoire au travers de compte rendu, de rapports, d'interviews, d'extraits d'article.
Chaque histoire de ce recueil relate une quête d'absolu, l'ultime perfection pour le sculpteur de mannequin, le ciel et les nuages pour le funambule, le silence et la solitude pour l'astronaute, la pensée cachée pour l'exégète et l'écriture minimale pour l'écrivain.
Au travers de ces personnages et des situations extraordinaires, étranges et absurdes, Bello nous dévoile l'une des facettes de l'homme: toujours chercher plus loin, pousser les limites; une quête permanente qui a permis les grandes avancées de l'humanité.
J'ai apprécié tout particulièrement la nouvelle Go Ganymède. On lit les divers articles qui constituent une lettre d'information annuelle d'une association supportant le voyage vers Jupiter de l'astronaute Jim Mute. Au travers de ces articles on suit l'histoire de Jim Mute, sa préparation, son voyage sans retour et la disparition dans le silence absolu. Le nom de l'astronaute est d'ailleurs une indication : Mute veut dire muet en anglais. En quelques pages, Bello nous donne à réfléchir sur plein de thèmes : le progrès justifie t-il le sacrifice d'un homme? Que sait-on de la solitude et du silence? Très beau texte.
Antoine Bello montre tout son art de l'écriture pour rédiger un article, un interview, un rapport administratif, des extraits de revue... bref des changements incessants de styles, des éclairages qui varient permettant de raconter et découvrir des hommes et leur quête.
Très bon recueil de nouvelles qui donne une très bonne introduction au monde de Antoine Bello et de ses deux livres à lire : Eloge de la pièce manquante, et les Falsificateurs, même si pour ce dernier la suite du roman (Les Eclaireurs) est nettement moins bon.

16folivier
Bearbeitet: Jul. 1, 2011, 4:21 am

Mes lectures juin 2011.

41- Intermittences de la mort de José Saramago - 3★.
Et si la mort décidait d'arrêter son métier ? Ou bien si elle décidait de prévenir par courrier, 8 jours à l'avance, notre prochaine mort ? Et si la mort tombait amoureuse ? Et si en fait il existait plusieurs morts, en fait une pour chacun d'entre nous qui attend le moment, ou une mort spécifique aux humains différente d'une mort pour les autres animaux ou les autres organismes vivants ? Et comment réagiraient les hommes face à de telles situations ? Voilà les différentes axes de réflexion vers lesquels Saramago avec son génie d'écriture nous entraîne en nous contant une fable sur la mort. Comme à son habitude, Saramago observe, analyse, décortique les hommes comme des animaux de laboratoire mis dans des situations qui perturbent totalement notre sens de la vie, notre relation aux autres.
La mort arrête de cueillir les hommes. La situation devient très vite ingérable face à l'accumulation des humains en attente de mourir mais dans l'impossibilité de basculer... les mourants agonisent sans jamais mourir. Très rapidement se développe un trafic lucratif de la mort entre les mains de la mafia, pour traverser la frontière et permettre aux mourants de (enfin !) mourir. En fait Saramago nous dévoile que sans la mort la vie n'aurait pas de sens : "parce que si les êtres humains ne mourraient pas, tout deviendrait permis" (p45 Ed Folio)

que les religions se nourrissent et se justifient par la mort : " Les religions, toutes autant qu'elles sont et quel que soit l'angle sous lequel on les regarde, ont la mort pour unique justification de leur existence... pour que les gens passent leur vie pris dans l'étau de la peur et que pour, l'heure venue, ils accueillent la mort comme une libération" (p44 Ed Folio)

Puis la mort décide de reprendre son activité mais en avertissant les personnes par courrier 8 jours à l'avance de leur prochaine mort. Là encore, les conséquences sont catastrophiques. La mort pensait qu'en donnant du temps, elle permettait à chacun de se préparer, et c'est tout le contraire, de savoir que l'on va mourir crée un stress qui tétanise et panique. Jusqu'au jour où la mort découvre qu'une lettre lui est systématiquement retournée !
José Saramago avec son humour au second degré, avec ses multiples interpellations du lecteur pour bien souligner qu'il s'agit d'une fable, d'un conte, d'une expérience, délivre une nouvelle fois un livre dense qui nous oblige à nous questionner et réfléchir sur cette boutade "La vie est une longue maladie mortelle"
3 étoiles uniquement car malgré toutes les qualités de ce livre, j'ai été beaucoup moins conquis que d'autres oeuvres de Saramago comme L'aveuglement, La Caverne ou Tous les Noms.

42- La Survivante - L'intégrale de Paul Gillon- BD- 3★.
Bon recueil avec un super dessin. Cela reste néanmoins un album très daté année 1970 pourtant écrit à partir de 1980 jusqu'en 1991.
Après l'apocalypse nucléaire, l'humanité à été anéantie. Seuls les droïdes et robots continuent de remplir leur tâche pour lesquels ils ont été programmés. La survivante découvre un Paris vide de ses habitants et profite de cette liberté. La solitude demeure difficile à supporter surtout pour cette jeune femme pleine de vie ayant une sexualité épanouie. Au fil des albums on suit les aventures de cette jeune femme, qui rencontrera un survivant, aura un enfant de lui, cherchera à fuir la terre pour échapper aux robots qui prennent le pouvoir, reviendra sur terre et devra détruire les robots.
Histoire sympathique jalonnée de scènes érotiques qui n'apportent pas grand chose au scénario mais est caractéristique d'une bande dessinée très année 60-70... génération Pilote,... le graphisme de Paul Gillon est remarquable mais là aussi très marqué.
Un album éventuellement à lire pour découvrir l'oeuvre de Paul GIllon qui est décédé en mai 2011. Un album cependant pas indispensable.

43- Celle qui réchauffe l'hiver de Pierre Place- BD- 2★.
Un grand bof! Dans un village Inuit à la suite d'un hiver très rigoureux les habitants se retrouvent sans aucune ressources pour survivre. Il ne reste plus qu'à faire appel à la magie, au chaman et aller visiter la Déesse de la mer. Deux jeunes chasseurs vont réussir à libérer les poissons, phoques et autres nourritures, mais auront par la même déclenchés des évènements libérant les forces de la nature qui leur feront subir bien des épreuves à eux et leurs femmes. On suit la vie du village, l'amitié entre les deux couples, la relation de ce peuple inuit avec la nature et leurs croyances dans les esprits.
L'histoire s'accompagne d'un graphisme original mêlant dans une même vignette des dessins proches du réalisme à d'autres très simples dans le trait. Il y a une réelle recherche sur les couleurs rendant bien les espaces confinés des igloos ou des huttes, l'environnement hostile de la banquise, la lumière toujours faible oscillant dans les tons bleus, roses, ou carrément très noir.
Je n'ai pas été du tout intéressé par l'histoire, pas convaincu par le dessin et surtout pas compris ce que voulait nous raconter l'auteur.

44- Jour J tome 6 de Fred Duval- BD- 2★.
Une nouvelle fois comme les albums précédents une idée originale et intéressante qui tourne court. Les auteurs n'arrivent pas à tenir la distance pour faire de l'histoire-fiction et très rapidement on revient à une histoire banale de vengeance par un ancien braqueur qui avait disparu le soir du casse durant les émeutes de mai 68. Dans la France de 1973, en plein changement de république après une guerre civile, les anciens braqueurs se sont installés et le revenant demande sa part...
Comme les précédents albums les auteurs restent à un niveau très terre à terre et n'arrivent pas à prendre de la hauteur pour apporter une lecture intéressante de mai 68 sur les conséquences politiques et sociales qui auraient pu en découler. Le dessin de Farb est en adéquation avec le scénario : sans envergure et très plat. Grosse déception.

45- Antimanuel d'écologie de Yves Cochet- 4★.
Très bon livre pour une approche globale de la démarche écologique, de l'écologie politique et de l'écologie économique. Yves Cochet dresse un constat qui fait froid dans le dos et démontre pourquoi et comment la catastrophe écologique, économique, arrive inéluctablement. Le sachant il en appelle à des actions urgentes pour un changement radical de société, un changement de civilisation. Le postulat de base est assez simple, soit nous sommes capables de prendre les mesures immédiates qui s'imposent, soit la situation économique, politique et sociale découlant de la grave crise des matières premières nous imposera une révision radicale de nos modes de vie, révision qui se fera dans la douleur. Les arguments historiques, écologiques, économiques, psychologiques présentés par Yves Cochet sont indéniables et obligent le lecteur à réaliser de la situation gravissime dans laquelle le monde se trouve.
Yves Cochet défend une approche systémique du monde, dans lequel l'homme n'en est pas le centre mais un des éléments. Il s'appuie sur les principes de l'interaction spéculative pour expliquer pourquoi malgré tous les rapports alarmants et les preuves accumulées au fil des dernières années sur la dégradation de l'environnement et le changement climatique, malgré tous les scénarios catastrophiques démontrant l'incohérence d'un modèle économique, maintenant universel, basé sur la consommation et la croissance par rapport à une planète finie dont les ressources énergétiques (tout du moins les plus rentable dans le rapport puissance énergétique / coût) arrivent à épuisement, les décideurs politiques et économiques n'arrivent pas à prendre les décisions qu'il faudrait et font la politique de l'autruche.
Yves Cochet prédit une société qui se concentrera sur le local, sur l'interactif. réduisant énormément les déplacements et les transports. Un monde qui verra sa population décroître très fortement avant 2100.
On peut regretter que dans cette ouvrage Yves Cochet n'est pas pris plus de place pour développer son économie de la décroissance et surtout expliquer comment on peut basculer d'une manière harmonieuse dans ce nouveau paradigme. Par ailleurs il est dommage que la partie consacrée aux mesures à mettre en place rapidement pour d'une part amoindrir les effets de la crise écologique et économique qui arrivera dans les 50 prochaines années et nous préparer à ce changement de société inéluctable soit si peu développer.
Néanmoins, ouvrage extrêmement intéressant qui comme tout les livres de cette collection "Antimanuel" s'appuie sur beaucoup d'extraits de textes illustrant chaque chapitre, avec une mise en page très soignée et illustrée ce qui rend la lecture très agréable.
Dans cette période pré-électorale qui pourrait espérons-le ouvrir des débats sur notre avenir et le type de société que nous souhaitons, c'est un livre à lire.

46- La fin du monde avant le lever du jour de Inio Asano- BD- 1★.
Aimant beaucoup la bande dessinée, cherchant à ouvrir mes lectures à des nouveaux graphismes, des nouveaux styles, de nouveaux auteurs et ne connaissant pas les mangas je me suis lancé dans la découverte de ce type de bande dessinée. Et là, grosse déception !
Tout d'abord j'ai été très pertubé par la lecture de droite à gauche non pas pour prendre le livre à l'envers mais surtout lire les vignettes dans le bon sens... ce problème m'a beaucoup pertubé, m'obligeant à me concentrer sur la "technique" de lecture et cela m'a certainement gêné pour me plonger dans l'histoire et des graphismes. Je n'ai pas fini l'album tellement cette contrainte de lecture m'a gêné.
Ensuite le graphisme ne m'a pas convaincu. Ce style manga japonais que l'on retrouve dans tous les dessins animés japonais, tout du moins la majorité des productions bon marché et vite fait, n'arrive pas à me captiver et me faire entrer dans l'histoire.
Donc deux problèmes majeurs qui m'ont totalement empêché d'apprécier les petites histoires de cet album.
Seul le titre du recueil et le dessin de couverture m'avaient attiré, le contenu me laisse perplexe et totalement insensible.
Bref certainement un bon recueil pour les amateurs de ce style de bande dessinée, pour ma part première expérience décevante.

47- Les âmes grises de Philippe Claudel- 3★.
Légère déception à la fin de la lecture de ce roman. Ayant été transporté, subjugué et admiratif par l'admirable Le rapport de Brodeck du même auteur, je m'attendais à mieux pour Les Ames Grises. Ecrit avant Le rapport de Brodeck, on retrouve néanmoins les mêmes thèmes, un lieux clos, un évènement dramatique au lointain, ici la première guerre mondiale, les hommes avec leur défaut, leur petitesse. Philippe Claudel, entremêle plusieurs drames, l'assassinat non élucidé d'une petite fille prénommée Belle de Jour, le suicide d'une institutrice venue au plus près du front pour suivre son amant, la mort en couche de la femme du narrateur alors que ce dernier, policier de son état, est absent. Le vieux procureur isolé dans son château, qui a tant condamné à mort sans état d'âme, s'enfonce dans sa solitude sans avoir su comprendre et aider l'institutrice logée dans une dépendance du château. La guerre au loin que l'on entend par le bruit de la canonnade et qui charrie quotidiennement ses milliers de jeunes recrues et ses milliers de blessés.
De très beaux personnages, des situations fortes mais malgré cela j'ai eu le sentiment qu'il manquait un fil conducteur quelque chose qui face du lien entre tous ces personnages, leur solitude et leur souffrance.
Un style extrêmement sobre et efficace pour décrire la nature, les paysages d'hiver glacial, le silence au lointain qui laisse à penser que la paix est enfin là.
Un beau roman, néanmoins Le rapport de Brodeck est encore plus fort.

"Cette nuit, la neige est tombée pendant des heures. Je l'entendais tandis que je cherchais dans mon lit le sommeil. Ou en tout cas j'entendais son silence, et je devinais derrière les volets mal clos sa blancheur envahissante, qui gagnait en force d'heure en heure" (p124 - Ed Folio)
"... le sentiment que le monde n'est pas si laid, qu'il y a parfois de petites dorures, et qu'au fond la vie, ce n'est rien d'autre que la recherche de ces miettes d'or" (p129 Ed Folio)
"Les salauds, les saints , j'en ai jamais vu. Rien n'est ni tout noir, ni tout blanc, c'est le gris qui gagne. Les hommes et leurs âmes, c'est pareil... T'es une âme grise, joliment grise comme nous tous." (p134 Ed Folio)

48- Prométhée tome4 de Christophe Bec- BD- 4★.
Superbe série. Album dans la continuité des 3 premiers volumes, excellent scénario, excellent dessin. Preuve de l'excellence de ces albums c'est qu'à peine refermé le volume on a hâte de lire la suite.... malheureusement il va falloir attendre l'année prochaine pour le volume 5.
Christophe Bec a imaginé une histoire mêlant la mythologie, l'histoire de l'humanité, la science-fiction, les évènements survenus dans l'histoire comme le mystère du triangle des Bermudes, le naufrage du Titanic..etc.. Nous suivons plusieurs histoires en parallèle, en sautant d'une époque à une autre ou d'un lieu géographique à un autre, ce qui donne du rythme et accroît la sensation de tension en ajoutant les phénomènes effrayants et incompréhensibles. Le scénario s'appuie sur un magnifique dessin réaliste.
Série à découvrir et vivement la suite.

49- Le petit livre des couleurs de Michel Pastoureau- 4★.
Petit opuscule sous forme d'interview entre Dominique Simonet et Michel Pastoureau. Ce dernier nous raconte l'histoire des couleurs, leurs signification et interprétation au fil du temps, des époques, des mentalités dans une approche globale englobant les capacités de production des pigments, les découvertes scientifiques, l'économie et la politique, les concepts religieux et philosophique. En 120 pages, Michel Pastoureau donne à comprendre notre environnement coloré en abordant le Bleu, la couleur préférée des occidentaux, le rouge, le blanc, le jaune, le vert si détesté à une époque et maintenant si valorisé, et le noir.
La réussite de ce petit ouvrage c'est qu'il donne à penser et réfléchir simplement et surtout donne envie d'en apprendre et comprendre davantage... Passionnant
Merci aux forumeurs de Babelio qui m'ont donné envie de lire ce texte au travers de leur critiques et appréciations.

17folivier
Bearbeitet: Aug. 1, 2011, 12:59 am

Mes lectures juillet 2011.

50- D'un retournement l'autre de Frédéric Lordon- 4★.
Sous la forme d'une pièce de théâtre écrite en alexandrin, Frederic Lordon, dresse un constat accablant et destructeur du monde de la finance, démontre la logique mortifère d'un monde capitaliste qui n'est soit disant "libéral" et faisant confiance aux marchés que lorsque le système est gagnant. Il souligne la totale manipulation des politiques par les financiers et leur total désintérêt pour les "autres", le peuple, les perdants !
Rien de bien nouveau dans le constat du désastre humain, sociologique, économique qu'entraîne le système libéral.
L'intérêt de ce recueil, repose sur le choix de l'auteur de prendre le parti pris de l'art, au travers du théâtre et de la versification, pour appuyer sa démonstration et sa pensée, d'affect, de sensibilité, pour faire réagir. Le livre est conclut par un post-scriptum de l'auteur qui explique très clairement sa pensée et ce choix.
Autre intérêt de ce petit livre qui se lit très facilement est de se remémorer le fil des évènements de cette crise de 2008, de ré-entendre les arguments des élites financières, des experts économiques et des conseillers économiques qu'ils nous ont déversé à longueur d'antenne sur cette crise, ses coupables, les seules solutions possibles sinon nous courions à l'apocalypse !
On pardonnera à Frederic Lodron les quelques petits écarts à la rime et à la versification, le texte est très drôle à lire, fait réfléchir et est un bon condensé d'analyse économique et politique.
A la veille des élections nationales, à lire pour se déciller les yeux !

51- Manifeste d'économistes attérrés de Collectif- 3★.
Dans le prolongement de ma lecture de la petite pièce de Frederic Lordon : D'un retournement l'autre et pour poursuivre la réflexion ce petit opuscule rédigé par des économistes de renoms dénonçant les fausses vérités sur le système capitaliste "libéral" gouverné par les marchés financiers.
Lecture intéressante qui demande quelques notions d"économie aux néophytes. Les fausses évidences et les mesures proposées permettent d'y réfléchir et d'approfondir sa réflexion en vue des prochaines échéances électorales.

52- Le combat ordinaire, l'intégrale de Larcenet- BD- 5★.
Magnifique album, une révélation pour moi !
Quel artiste, quelle sensibilité, quelle pudeur, quelle intensité et justesse pour décrire tous les questionnements et doutes que l'on peut se poser à l'orée de sa vie d'adulte.
Marco, reporter photographe, est arrivé à un point de saturation par rapport à son métier et ses reportages sur tout les théâtres des atrocités du monde. Il s'interroge, suit une analyse, rencontre Emilie, hésite à s'engager, faire un enfant. Il se ressource auprès de son frère qui reste un grand adolescent attardé. Son père, ancien ouvrier d'un chantier naval, lui révèle qu'il est atteint d'Alzheimer et finira par se suicider. Les ouvriers du chantier naval apprennent que le site va fermer et qu'lls vont perdrent leur emploi. Ils demandent à Marco de suivre leur lutte et de témoigner par ses photos.
Tous les personnages que croise Marco sont d'une justesse incroyable. Aucune caricature, beaucoup de compréhension. Tous ont leur part d'ombre, leur petite vie mais aussi leur grandeur et leur générosité.
Manu Larcenet réalise une véritable oeuvre, un vrai roman (au sens littéraire du terme). C'est un album magnifique plein d'amertume et de tristesse mais qui arrive à redonner espoir et envie de croquer la vie simplement, une vie ordinaire, une belle vie...

53- Les personnages de Tintin dans l'histoire de Collectif- 4★.
Pour les amateurs de Tintin et les curieux, album à lire absolument. Au travers de courts chapitres, on découvre l'origine des principaux personnages des albums de Tintin et les évènements historiques qui ont inspiré Hergé. L'occasion de mieux comprendre cet auteur, son mode de création, ses méthodes de travail, le contexte historique.
Tintin, "Tintin au pays des soviets" et l'URSS de Staline.
Les Dupondt, "Tintin au congo" et la colonisation de l'Afrique Occidentale.
Rastapopoulos, "Les cigares du pharaon" et La découverte de la tombe de Toutankhamon.
Tchang, "Le lotus bleu" et l'Incident de Moukden qui déclencha l'invasion de la chine par les troupes japonaises.
Alcazar, "L'oreille cassée" et la guerre du Chaco entre la Bolivie et le Paraguay.
Dr Müller, "Lîle noire" et l'explosion de la fausse monnaie.
Bianca Castafiore, "Le spectre d'Ottokar" et l'anschluss de 1938.
Capitaine Haddock, "Le crabe aux pinces d'or" et le trafic d'opium.
Nestor, "Le secret de la Licorne" et la flibuste.
Tournesol, "Le trésor de Rackham Le Rouge" et le château de Cheverny.
Bref un intéressant voyage dans les albums de Tintin et la découverte ou l'approfondissement d'évènements historiques.

54- Les 110 propositions 1981 - 2011 de Mediapart- 3★.
Les auteurs de cet ouvrage, tous journalistes du site Mediapart, questionnent le parti socialiste d'aujourd'hui à la veille des élections présidentielles de 2012 en reprenant les 110 propositions de François Mitterrand en 1981 et pour chacune d'entre elles établissent un bilan sur les trente dernières années et évaluent les enjeux pour les prochaines années à l'aune du programme socialiste de 2011. A travers ce passage en revue, les auteurs souhaitent réveiller une gauche assoupie, embourgeoisée et notabilisée, ayant reniée ses engagements en espérant un sursaut pour que ces élites se rapprochent du peuple et se réaproprient le beau slogan de 1981 : "changer la vie".
Les grands problèmes majeurs d'il y a trente ans demeurent, pour certains la situation a même empiré, pour d'autres les premiers gestes et actions politiques pour améliorer le sort des plus faibles, apporter plus d'égalité, plus de liberté ont été vite arrêtés ou bien déformés par l'argent et la commercialisation (p ex les radios libres, la télévision, le sport,...).
Alors certes le monde a dans le même temps énormément changé, le capitalisme est devenu la référence mondiale et l'emprise de la finance sur le politique et l'économique a restreint considérablement les marges de manoeuvre des gouvernements.
Malheureusement, le constat est loin d'être réjouissant et le bilan est consternant. Peu de propositions ont aboutie, beaucoup de reniements avec tout de même quelques belles réussites. A la fin du livre, on en ressort plutôt abattu et assez déprimé en se disant que finalement tout est comme d'habitude : le pouvoir corrompt, isole et transforme les hommes et les femmes en égoïstes cyniques.
Un intérêt majeur de cet ouvrage est de revisité trente années de vie politique, sociale, économique et internationale.
Malgré cette grande déprime à la fin de la lecture de ce livre, il reste qu'un certain nombre de thème et de piste reste en mémoire et éveille notre vigilance pour lire les programmes des prochains candidats à l'élection présidentielle de 2012 et s'interroger intelligemment sur le choix de société que nous désirons pour nos enfants.

55- Quartier lointain, l'intégrale de Jiro Taniguchi- BD- 4★.
Après la grande déconvenue à la lecture de ma première bd japonaise, La fin du monde avant le lever du jour de Inio Asano (cf- critique), j'ai beaucoup apprécié Quartier Lointain.
Déjà l'album a été édité à l'occidentale, lecture de gauche à droite. Ce simple choix d'édition m'a permis de me plonger dans l'histoire sans être sans cesse pertubé par la lecture inverse (droite à gauche).
Hiroshi Nakahara, cadre surmené, délaissant sa famille, porté sur l'alcool, part pour un voyage d'affaire à Kyoto. Par étourderie ou par un appel inconscient il se trompe de train et part vers la ville de son enfance, Kurayoshi. Flânant dans les rues de sa ville natale, il retourne sur la tombe de sa mère et se retrouve plus de trente ans en arrière, adolescent de 14 ans. Après un moment de panique, il réalise qu'il pourrait éventuellement modifier l'avenir et ainsi éviter que son père quitte le foyer brutalement sans explication laissant sa femme, sa belle-mère et ses deux enfants, HIroshi et , dans l'incertitude et l'inquiétude pendant des années sans nouvelle de ce père disparu.
Hiroshi profite de son esprit d'un homme de 48 ans dans le corps d'un adolescent de 14 ans pour briller en classe par ses résultats scolaire, boire à en être totalement ivre, son corps d'adolescent ne supportant pas l'alcool comme l'adulte qu'il était. Il noue également une relation amoureuse avec la plus belle fille du lycée. Espionnant son père, menant une véritable enquête auprès des membres de sa famille, HIsoshi essaie de comprendre pourquoi son père va décider de partir et tenter d'éviter cette catastrophe. Malgré tout ses efforts il ne pourra éviter l'inévitable, il pourra seulement dire la vérité à sa mère et ainsi lui éviter les questions, les remords, les doutes, lui permettant de vivre sereinement. HIroshi réalise aussi que cet image du père qui n'est pas heureux c'est aussi lui dans sa vie d'adulte.
Revenant en 1998 après une somptueuse cuite, HIroshi pense qu'il a rêvé. Métamorphosé par cette expérience il s'attache à être attentif à sa femme et ses filles lorsqu'il reçoit un colis d'un écrivain célèbre. Le livre provient d'un ami d'enfance qui lui a dédicacé par ces mots "Au voyageur du temps" !
Très bel album. Avec beaucoup de sensibilité et de subtilité, Taniguchi nous amène à s'interroger sur le temps, nos actes ont-ils une influence sur l'avenir, peux t-on changer l'avenir. Thème traité à de nombreuses reprises que ce soit en littérature, au cinéma. Cette fois-ci Taniguchi apporte sa contribution. Hiroshi n'est pas en mesure de modifier les actes des autres (son père) mais il peut néanmoins corriger les conséquences. La métamorphose d'un homme de 48 ans, retournant sur son enfance, est symbolisé par la présence du papillon lorsqu'il bascule dans le monde de son adolescence.
Il s'agit d'un roman graphique, autant l'histoire est superbe autant j'ai beaucoup de mal avec le graphisme à la japonaise (style manga). Les paysages, les espaces naturelles, les décors urbains : le graphisme de Taniguchi est remarquable. Par contre le graphisme des visages, des personnages reste très marqué manga, style que je trouve très pauvre pour les expressions et qui m'empêche de vraiment adhérer aux personnages.
Dommage également que seulement les quatres premières pages de l'album soient en couleur. La qualité du dessin en est rehaussée.
Néanmoins, très bel album qui nous amène à réfléchir sur sa vie et malgré un arrière goût de nostalgie donne beaucoup d'espoir.

18folivier
Aug. 15, 2011, 2:25 am

Mes lectures Juillet 2011 (mois un peu creux !).

56- D'un retournement l'autre - comédie sérieuse sur la crise financière de Frédéric Lordon - 4★
Sous la forme d'une pièce de théâtre écrite en alexandrin, Frederic Lordon, dresse un constat accablant et destructeur du monde de la finance, démontre la logique mortifère d'un monde capitaliste qui n'est soit disant "libéral" et faisant confiance aux marchés que lorsque le système est gagnant. Il souligne la totale manipulation des politiques par les financiers et leur total désintérêt pour les "autres", le peuple, les perdants !
Rien de bien nouveau dans le constat du désastre humain, sociologique, économique qu'entraîne le système libéral.
L'intérêt de ce recueil, repose sur le choix de l'auteur de prendre le parti pris de l'art, au travers du théâtre et de la versification, pour appuyer sa démonstration et sa pensée, d'affect, de sensibilité, pour faire réagir. Le livre est conclut par un post-scriptum de l'auteur qui explique très clairement sa pensée et ce choix.
Autre intérêt de ce petit livre qui se lit très facilement est de se remémorer le fil des évènements de cette crise de 2008, de ré-entendre les arguments des élites financières, des experts économiques et des conseillers économiques qu'ils nous ont déversé à longueur d'antenne sur cette crise, ses coupables, les seules solutions possibles sinon nous courions à l'apocalypse !
On pardonnera à Frederic Lodron les quelques petits écarts à la rime et à la versification, le texte est très drôle à lire, fait réfléchir et est un bon condensé d'analyse économique et politique.
A la veille des élections nationales, à lire pour se déciller les yeux !

57- Manifeste d'économistes atterrés de Collectif- 3★.
Dans le prolongement de ma lecture de la petite pièce de Frederic Lordon : D'un retournement l'autre et pour poursuivre la réflexion ce petit opuscule rédigé par des économistes de renoms dénonçant les fausses vérités sur le système capitaliste "libéral" gouverné par les marchés financiers.
Lecture intéressante qui demande quelques notions d"économie aux néophytes. Les fausses évidences et les mesures proposées permettent d'y réfléchir et d'approfondir sa réflexion en vue des prochaines échéances électorales

58- Le combat ordinaire, intégrale de Manu Larcenet- BD- 5★.
Magnifique album, une révélation pour moi !
Quel artiste, quelle sensibilité, quelle pudeur, quelle intensité et justesse pour décrire tous les questionnements et doutes que l'on peut se poser à l'orée de sa vie d'adulte.
Marco, reporter photographe, est arrivé à un point de saturation par rapport à son métier et ses reportages sur tout les théâtres des atrocités du monde. Il s'interroge, suit une analyse, rencontre Emilie, hésite à s'engager, faire un enfant. Il se ressource auprès de son frère qui reste un grand adolescent attardé. Son père, ancien ouvrier d'un chantier naval, lui révèle qu'il est atteint d'Alzheimer et finira par se suicider. Les ouvriers du chantier naval apprennent que le site va fermer et qu'lls vont perdrent leur emploi. Ils demandent à Marco de suivre leur lutte et de témoigner par ses photos.
Tous les personnages que croise Marco sont d'une justesse incroyable. Aucune caricature, beaucoup de compréhension. Tous ont leur part d'ombre, leur petite vie mais aussi leur grandeur et leur générosité.
Manu Larcenet réalise une véritable oeuvre, un vrai roman (au sens littéraire du terme). C'est un album magnifique plein d'amertume et de tristesse mais qui arrive à redonner espoir et envie de croquer la vie simplement, une vie ordinaire, une belle vie...

59- Les personnages de Tintin dans l'histoire de Collectif- 4★.
Pour les amateurs de Tintin et les curieux, album à lire absolument. Au travers de courts chapitres, on découvre l'origine des principaux personnages des albums de Tintin et les évènements historiques qui ont inspiré Hergé. L'occasion de mieux comprendre cet auteur, son mode de création, ses méthodes de travail, le contexte historique.
Tintin, "Tintin au pays des soviets" et l'URSS de Staline.
Les Dupondt, "Tintin au congo" et la colonisation de l'Afrique Occidentale.
Rastapopoulos, "Les cigares du pharaon" et La découverte de la tombe de Toutankhamon.
Tchang, "Le lotus bleu" et l'Incident de Moukden qui déclencha l'invasion de la chine par les troupes japonaises.
Alcazar, "L'oreille cassée" et la guerre du Chaco entre la Bolivie et le Paraguay.
Dr Müller, "Lîle noire" et l'explosion de la fausse monnaie.
Bianca Castafiore, "Le spectre d'Ottokar" et l'anschluss de 1938.
Capitaine Haddock, "Le crabe aux pinces d'or" et le trafic d'opium.
Nestor, "Le secret de la Licorne" et la flibuste.
Tournesol, "Le trésor de Rackham Le Rouge" et le château de Cheverny.
Bref un intéressant voyage dans les albums de Tintin et la découverte ou l'approfondissement d'évènements historiques.

60- Les 110 propositions 1981-2011 de Mediapart- 3★.
Les auteurs de cet ouvrage, tous journalistes du site Mediapart, questionnent le parti socialiste d'aujourd'hui à la veille des élections présidentielles de 2012 en reprenant les 110 propositions de François Mitterrand en 1981 et pour chacune d'entre elles établissent un bilan sur les trente dernières années et évaluent les enjeux pour les prochaines années à l'aune du programme socialiste de 2011. A travers ce passage en revue, les auteurs souhaitent réveiller une gauche assoupie, embourgeoisée et notabilisée, ayant reniée ses engagements en espérant un sursaut pour que ces élites se rapprochent du peuple et se réaproprient le beau slogan de 1981 : "changer la vie".
Les grands problèmes majeurs d'il y a trente ans demeurent, pour certains la situation a même empiré, pour d'autres les premiers gestes et actions politiques pour améliorer le sort des plus faibles, apporter plus d'égalité, plus de liberté ont été vite arrêtés ou bien déformés par l'argent et la commercialisation (p ex les radios libres, la télévision, le sport,...).
Alors certes le monde a dans le même temps énormément changé, le capitalisme est devenu la référence mondiale et l'emprise de la finance sur le politique et l'économique a restreint considérablement les marges de manoeuvre des gouvernements.
Malheureusement, le constat est loin d'être réjouissant et le bilan est consternant. Peu de propositions ont aboutie, beaucoup de reniements avec tout de même quelques belles réussites. A la fin du livre, on en ressort plutôt abattu et assez déprimé en se disant que finalement tout est comme d'habitude : le pouvoir corrompt, isole et transforme les hommes et les femmes en égoïstes cyniques.
Un intérêt majeur de cet ouvrage est de revisité trente années de vie politique, sociale, économique et internationale.
Malgré cette grande déprime à la fin de la lecture de ce livre, il reste qu'un certain nombre de thème et de piste reste en mémoire et éveille notre vigilance pour lire les programmes des prochains candidats à l'élection présidentielle de 2012 et s'interroger intelligemment sur le choix de société que nous désirons pour nos enfants.

61- Quartier lointain, l'intégrale de Jiro Taniguchi- BD- 4★.
Après la grande déconvenue à la lecture de ma première bd japonaise, La fin du monde avant le lever du jour de Inio Asano (cf- critique), j'ai beaucoup apprécié Quartier Lointain.
Déjà l'album a été édité à l'occidentale, lecture de gauche à droite. Ce simple choix d'édition m'a permis de me plonger dans l'histoire sans être sans cesse pertubé par la lecture inverse (droite à gauche).
Hiroshi Nakahara, cadre surmené, délaissant sa famille, porté sur l'alcool, part pour un voyage d'affaire à Kyoto. Par étourderie ou par un appel inconscient il se trompe de train et part vers la ville de son enfance, Kurayoshi. Flânant dans les rues de sa ville natale, il retourne sur la tombe de sa mère et se retrouve plus de trente ans en arrière, adolescent de 14 ans. Après un moment de panique, il réalise qu'il pourrait éventuellement modifier l'avenir et ainsi éviter que son père quitte le foyer brutalement sans explication laissant sa femme, sa belle-mère et ses deux enfants, HIroshi et , dans l'incertitude et l'inquiétude pendant des années sans nouvelle de ce père disparu.
Hiroshi profite de son esprit d'un homme de 48 ans dans le corps d'un adolescent de 14 ans pour briller en classe par ses résultats scolaire, boire à en être totalement ivre, son corps d'adolescent ne supportant pas l'alcool comme l'adulte qu'il était. Il noue également une relation amoureuse avec la plus belle fille du lycée. Espionnant son père, menant une véritable enquête auprès des membres de sa famille, HIsoshi essaie de comprendre pourquoi son père va décider de partir et tenter d'éviter cette catastrophe. Malgré tout ses efforts il ne pourra éviter l'inévitable, il pourra seulement dire la vérité à sa mère et ainsi lui éviter les questions, les remords, les doutes, lui permettant de vivre sereinement. HIroshi réalise aussi que cet image du père qui n'est pas heureux c'est aussi lui dans sa vie d'adulte.
Revenant en 1998 après une somptueuse cuite, HIroshi pense qu'il a rêvé. Métamorphosé par cette expérience il s'attache à être attentif à sa femme et ses filles lorsqu'il reçoit un colis d'un écrivain célèbre. Le livre provient d'un ami d'enfance qui lui a dédicacé par ces mots "Au voyageur du temps" !
Très bel album. Avec beaucoup de sensibilité et de subtilité, Taniguchi nous amène à s'interroger sur le temps, nos actes ont-ils une influence sur l'avenir, peux t-on changer l'avenir. Thème traité à de nombreuses reprises que ce soit en littérature, au cinéma. Cette fois-ci Taniguchi apporte sa contribution. Hiroshi n'est pas en mesure de modifier les actes des autres (son père) mais il peut néanmoins corriger les conséquences. La métamorphose d'un homme de 48 ans, retournant sur son enfance, est symbolisé par la présence du papillon lorsqu'il bascule dans le monde de son adolescence.
Il s'agit d'un roman graphique, autant l'histoire est superbe autant j'ai beaucoup de mal avec le graphisme à la japonaise (style manga). Les paysages, les espaces naturelles, les décors urbains : le graphisme de Taniguchi est remarquable. Par contre le graphisme des visages, des personnages reste très marqué manga, style que je trouve très pauvre pour les expressions et qui m'empêche de vraiment adhérer aux personnages.
Dommage également que seulement les quatres premières pages de l'album soient en couleur. La qualité du dessin en est rehaussée.
Néanmoins, très bel album qui nous amène à réfléchir sur sa vie et malgré un arrière goût de nostalgie donne beaucoup d'espoir.

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