Agr g e de math matiques, Sylvia aime la puret alg brique et s'accommode mal des quations sans solution de l'existence. Lectrice de Thomas Mann, elle laisse fr quemment son esprit rejoindre Hans Castorp sur un balcon du sanatorium de Davos, pour contempler avec lui des neiges dont l' ternit voque en elle celle des nombres premiers. Critique de cin ma, Louis traque les lieux communs, non seulement dans les fi lms mais dans le monde qui l'entoure. Naturellement, Louis et Sylvia ne peuvent s'aimer. Pour l'un, l'amour est la plus t l phon e des intrigues. Pour l'autre, c'est comme la quadrature du cercle ou le s quen age de Pi. Pourtant, n'ont-ils pas en commun une intelligence d sesp r e et une ironie n e de leur incapacit vivre? Maladroitement, ils vont faire tous les gestes de l'amour sans jamais en prononcer le nom. Ni omettre, apr s chaque tape, de ne plus se voir pendant des semaines afi n de se convaincre que rien entre eux n'a d'importance. Peut- tre le destin, cet autre clich , se chargera-t-il de leur faire admettre que l'amour est aussi ternel que les neiges de Davos, et qu'il constitue le seul sc nario souhaitable pour la vie humaine. moins qu'il ne soit d j trop tard. Comme dans La Montagne magique, roman d' lection de Sylvia, les digressions les plus surprenantes de ce grand roman ne concourent in fine qu' approfondir les inoubliables portraits psychologiques de ses deux personnages principaux, et ausculter leur inclassable relation. Et l'amour, donn en quelque sorte perdu d'avance, y trouve n anmoins des chemins de traverse la hauteur de la complexit des protagonistes Isabelle Coudrier est sc nariste pour le cin ma. Va et dis-le aux chiens est son premier roman.