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Werke von Bruno Colmant

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Il est courant d'affirmer une séparation entre la sphère des activités civiles ou commerciales et celle des affaires privées, religieuses en particulier. Cette conception est fort récente et n'est que le fruit du développement du concept de laïcité, impensable dans les siècles passés.

Partant de ce constat, Bruno Colmant, s'est attaché à montrer l'influence de la religion dans la sphère économique. Le sujet est ardu et complexe mais la lecture est facilitée par l'emploi du dialogue. L'auteur reconnaît volontiers que son travail n'est ni une théorie, ni un travail scientifique ou académique. Il ne relève ni de la théologie, ni de l'étude historique.

On peut regretter un parti pris de ne pas traiter les systèmes économiques issus d'univers spirituels différents comme le bouddhisme, le confucianisme ou l'islamisme. Le christianisme est seul analysé ici, vu sous l'angle de l'affrontement entre la Réforme et la Contre-Réforme. De même, les configurations géographiques et politiques des Etats, en particulier le centralisme étatique, ne sont pas examinés pour rendre compte des facteurs d'expansion de l'économie. La réflexion de l'auteur n'est pas exclusive et n'aborde l'angle religieux que pour tenter d'expliquer certaines dynamiques économiques.

L'originalité de l'analyse se trouve dans le rapport au temps développé dans les communautés religieuses avec le développement du crédit. Bruno Colmant souligne que c'est la fonction d'épargne et de thésaurisation qui offre des points d'accrochage entre les vues catholiques et réformées. Ce qui est vécu comme un manquement à la charité du point de vue catholique est vu comme un gage sur l'avenir et en la confiance de l'homme par les réformés. Préférant axer sa réflexion sur la valeur du travail, l'Eglise catholique a très longtemps considéré que l'intérêt était le profit extorqué de l'argent prêté : un vol du temps alors que le temps n'appartient qu'à Dieu. C'est en fait surtout l'esprit d'usure qui est visé, le manque de tempérance et l'éloignement de la vertu de religion. Le refus de l'intérêt par le clergé catholique découlait du fait que les sommes pouvaient porter intérêt au-delà de la mort de l'emprunteur et entrait en conflit avec l'atemporalité divine.

De même au sujet de l'enrichissement, l'origine et l'affectation sont considérés différemment : le premier concerne la moralité du taux d'intérêt, nécessaire au financement par prêt, et le second la thésaurisation ou le réinvestissement des bénéfices. Devant les thèses protestantes, l'Eglise catholique s'est durcie mais sans doute plus pour des raisons liées à des querelles temporelles. Ce n'est qu'avec Léon XIII et ses successeurs, en particulier Jean-Paul II que l'on verra se concrétiser un corps de doctrine conséquent relatif à l'économie, englobé dans la Doctrine sociale de l'Eglise.

Une des questions qui a alimenté la réflexion de l'auteur est celle de savoir si la diffusion du modèle anglo-saxon est, même de manière indirecte, liée à la trame religieuse qui a caractérisé les communautés réformées. Bruno Colmant souligne à cet égard que le contexte de travail latin est communément fondé sur la binarité du succès et de l'échec, souvent l'un et l'autre définitifs. L'échec est associé à un accablement exigeant contrition, confession et pénitence. Dans les modes réformés, l'échec professionnel n'entraine pas l'affaissement de la personnalité de l'individu concerné. On distingue l'effort d'avoir accompli un travail et la personnalité de son maître d'œuvre. Par ailleurs, l'auteur remarque que les communautés réformées préfèrent la régulation alors que celles catholiques ont plus souvent recours à la réglementation.

Si un facteur religieux joue ou a joué un rôle, c'est plus par l'influence de l'organisation sociale et politique qui aurait configuré un arrière plan de développement économique que par celle de la religion à proprement parler. Les contextes religieux les moins contraignants par rapport à l'organisation commerciale des communautés sont ceux qui ont développé la plus grande adaptabilité économique. Le dynamisme économique est corrélé avec le degré de confiance en l'initiative personnelle. A ce titre, les communautés réformées ont été plus dynamiques. L'auteur reconnaît toutefois que la prédominance catholique romaine a été doublement favorable en occident en fondant un ordre et en structurant la pensée occidentale, ce qui a permis d'asseoir les bases sociologiques pour le développement économique.

Ce court livre est intéressant dans la mesure où il met en exergue un débat qui porte moins sur la nature de la prospérité et du modèle économique à suivre que sur la répartition de la prospérité, sans doute insuffisamment mise en œuvre dans les pays anglo-saxons et trop souvent postulée avant sa création dans les pays de tradition catholique. Car si l'auteur affirme que l'économie de marché est l'ordre naturel, elle ne restera pérenne qu'en étant sociale et redistributrice.
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Veilleur_de_nuit | Jan 25, 2011 |

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