> Par 3e millénaire (In: Revue 3e millénaire, n°114, Hiver 2014 - Pouvons-nous changer ?)

SOMMAIRE

Thème : Pouvons-nous changer ?

4 — 3e millénaire - Fil d’Ariane : Pouvons-nous changer ?
Le monde des apparences change, rien ne perdure, tout se transforme, et pourtant, suivant un très ancien dicton : « Rien de nouveau sous le soleil ! » L'adversité égotique, les conflits de personnes, les guerres physiques, idéologiques et psychologiques, demeurent. « Nous faisons de cette planète magnifique un supermarché et un champ de bataille, nous en faisons le lieu de toutes les destructions. Nous donnons plus d'importance aux armes qu'à la vie. » constate Pierre Rabhi. « Jamais, ajoute-t-il, la transgression envers la vie n'a été aussi grande [...] Nous sommes aujourd'hui clairement face au dernier ultimatum : changer pour ne pas disparaître ! » (...)

12 — Michael Siciliano : Le Changement : Illusion ou Réalité ?
[...] Si nous regardons les schémas habituels que nous reproduisons tout au long de notre vie, les façons habituelles dont nous réagissons dans toute situation donnée, nous venons que nous réagissons de la même manière ou presque à chaque fois. Nous pourrons voir aussi que la résultante de nos actions (se sentir triste, se sentir mal, se sentir coupable, se sentir honteux...) est bien souvent la même et qu’au final, cela conduit à être séparé de soi-même, ce qui affecte nos relations aux autres et au monde. On ne peut échapper au fait que, si Ton est séparé de soi-même, Ton est séparé de tout et de tout le monde. (...)

18 — Eric Baret : Vivre sans idéologie
Question - Peut-on se libérer de la peur 1
Eric Baret - Être à l’écoute de la peur est essentiel. La peur n’est pas une pensée mais un ressenti corporel. Si on vous demande comment vous savez que vous avez peur, vous direz : « je le sens ». Ces sensations se logent quelque part dans le corps, le ventre, la poitrine, la nuque ou ailleurs.
Quand la peur apparaît, vous pouvez chercher à la justifier, à la condamner, à la comprendre, mais ce n’est alors qu’une forme d’imaginaire puisque nous ne la comprenons qu’en fonction de nos propres préjugés. L’écoute corporelle de votre peur peut permettre une transformation. L’écoute n’est pas forcément possible dans le feu de l’intensité : vous ne pouvez pas écouter quand la peur est trop forte. (...)

22 — Lionel Cruzille : Changement et transformation de soi
Le changement de soi tient sur deux grandes dynamiques, si nous nous plaçons du point de vue du travail spirituel et admettons qu’il y en a bien un à mener. L’une des dynamiques dépend de nous, l’autre pas du tout. Mais comme il serait facile pour l’ego de faire “la moitié du boulot” en se cachant derrière ce prétexte, il convient de faire comme si tout dépendait de nous et relever nos manches même si ceci relève de l’illusion au final. Nous pouvons alors nous demander ce qui relève vraiment de notre effort ? est-ce l’ego qui veut dépasser l’ego ? (...)

28 — Somasekha : L'espace du regard
Question : Est-il possible de changer ?
Réponse : Le changement est la nature même de l’existence.
Sans transformation, sans mouvement, il n’y aurait pas de vie.
Ainsi, tout change d’instant en instant. Mais on ne le réalise pas. On ne le voit pas clairement.
Ce manque de vision nous entraîne à chercher le bonheur dans ce qui est transitoire.
Il nous amène à nous identifier et nous attacher à ce qui ne dure pas : biens matériels, relations et expériences agréables ou désagréables, pensées et émotions jugées positives ou négatives, etc
Nous devons dès lors, déployer toujours plus d’efforts, pour nous approprier et maintenir un bonheur qui n’a de cesse de nous échapper. Et nous devons nous protéger de ce que nous redoutons afin de nous sentir en sécurité, à l’abri de la souffrance. (...)

32 — Marc Halévy : La fin du monde “moderne”
3emillénaire - Le fonctionnement de la société occidentale, qui cherche à imposer son modèle sur le plan mondial, repose sur une vision matérialiste et réductionniste de l'être humain. Celui-ci est vu comme une machine à produire et à consommer. Mais, soumis à un mode de vie de plus en plus artificiel, des conditions de travail de plus en plus difficiles, une sourde souffrance grandit dans les cœurs. Celle-ci s'oublie partiellement devant la télévision, les jeux électroniques, les addictions diverses qui entraînent l'homme dans un étrange sommeil diurne, comme hypnotique. Mais elle est là, au fond. Elle fait mûrir lentement le désir de retrouver le vrai, quelque chose qui est comme enfoui au fond de nous mais dont nous percevons parfois l'écho. C'est comme un nouveau monde dont on voit les prémisses, non seulement en soi, mais autour de soi si l'on regarde au-delà des vitrines éclairées et rutilantes. Le monde ancien semble au bord de la rupture. Qu'est-ce qui, pour vous, en ce monde dit moderne, arrive à sa fin ? (...)

40 — Sahaj Neel : Fracture sociale ou unité de l'âme : Pladoyer pour la connaissance de soi
Après plus de trente ans d’intervention comme psychologue et sociologue dans et sociologue dans les structures sociales et médicales, au sein d’équipes et de publics souffrants, d’instances politiques décideuses ayant bien du mal à cultiver leur intégrité (ONU, Sidaction, ministères...), en France mais aussi dans de nombreux pays comme l’Inde dont je suis devenue une “spécialiste”, autant que dans les consultations privées autour de la non dualité, je constate encore et toujours que la racine de notre “crise” actuelle réside bien dans la fracture entre nos orientations sociales et celles de notre “âme”, entre le civique et une intériorité qui aspire à l’unité. Pourtant me direz-vous à raison, et pour rester hors des discours politiquement utilitaires [1], ce manque de cohérence entre ces deux aspects de notre vie est vieux comme Hérode [2] ! En effet, toutes les philosophies discourent sur les lois sociales - de Platon et sa proposition de refuser la circulation d’or entre les habitants de la cité, au dharma cosmogonique et religieux pour l’Asie. (...)

48 — Pierre Rabhi : Renouer avec l'intelligence
3e millénaire - Le changement est une question brûlante. Nous avons l'impression d'être face à des échéances redoutables. La liste est longue mais on peut évoquer le réchauffement climatique dont chacun peut commencer à vivre les effets même en France, la pollution insidieuse des perturbateurs endocriniens (plastiques, pesticides) engendrant une augmentation incroyable de cancers chez les jeunes et une baisse drastique de la fertilité, etc. Peut-on se permettre de poursuivre dans cette direction ?
Pierre Rabhi - C’est absolument impossible. Jamais la transgression envers la vie n’a été aussi
grande. Nous détruisons la terre qui nous nourrit, nous polluons l’eau qui nous abreuve, l’air que nous respirons. Nous sapons par inconscience et inintelligence ce qui a toujours permis la pérennité de la vie. Nous sommes aujourd’hui clairement face au dernier ultimatum : changer pour ne pas disparaître !
La difficulté est notre dépendance vis-à-vis de notre mode de vie. Cette dépendance est non seulement matérielle avec le pétrole qui est a l'origine de l'explosion de l'industrie moderne, mais aussi émotionnelle. Nous ne voulons pas vivre autrement. Comment alors se rendre indépendant ? (...)

54 — Anne-Gaëlle : Pure vibration de la vie
Nous pouvons faire la louange ici même, et ce n’est d’aucun mal, d’une vie parfaite, au sens de terminée, déjà faite, complète, achevée, battante dans le cœur de tout être, et résonnant dans son propre cœur. Nous pourrions faire l’éloge de nos absences définitives et déjà abouties, de notre ressemblance indifférenciée d’avec un absolu à jamais libre de tous savoirs. Et c’est ainsi fait. Mais au lieu même de la question du changement, de soi-même et du monde, règne l’incertitude, l’incomplétude, la soif, et une droite lancée dans l’espace afin d’en examiner sa nature, son ampleur, et son possible mouvement. A l’autre bout des cordes lancées dans les mers et les airs, des êtres, des hommes et des femmes, multiples voyageurs du temps et de l’espace. (...)

56 — Patrick Fischmann : Les éclaireurs du changement
La grande vertu des contes est de franchir naturellement le voile des apparences. Une intuition infuse les grandes images qui ont pétri la pensée humaine, une perception fine qui communie avec l’état vibratoire qui fonde notre réalité et qui sent que pour en “rendre conte ”, elle doit être suffisamment métaphorique ; afin d’ouvrir sa fenêtre à l’intelligence du monde. Pour que l’homme vibrant et l’Onde se parlent, les étoiles vont briller entre les mots, entre les sons, les images bondir entre les mondes. Car la création, qui est rencontre entre la Source et le cœur de l’homme, effleure l’ineffable. Et si le franchissement du voile des apparences et l’intuition qui fortifient l’imaginaire sont accompagnés d’une émotion portée par la musique et l’amour de la vie, de la nature et du cosmos, la langue devient magique, les conteurs se découvrent et se révèlent bardes, griots et aèdes, ils transpirent, réveillent et passent l’art de se transformer. Parce qu’ils vivent les lois paradoxales de la créativité, ils sont les chantres d’une permanence inouïe et d’une mutation illimitée. Ils s’offrent en bourgeons du grand silence et en éclaireurs du changement, consacrés par le chant irrésistible de l’appel amoureux. Ils entendent l’enfant enfermé dans la caverne secrète [1]... lui qui est éveillé dans ceux qui dorment ? [2] (...)

66 — Martine Régis : L'appel de la Vie-Une
Dans un autre temps, assez récent, changer c’était sans doute améliorer, apaiser, rendre plus facile un vécu qui s’était construit autour des hauts et des bas de la vie. On pouvait décider de consulter afin de découvrir davantage les dessous d’une personnalité, qui pour certains accentuait les épreuves «naturelles» de la vie. Si «l’enquête» psychologique est une étape nécessaire, elle n’est pourtant qu’un pas, minuscule, si l’on souhaite un changement profond. Et bien sûr, la recherche dite spirituelle laisse supposer qu’il y a quelque chose à trouver... encore faudrait-il que cette quête naisse d’une aspiration visionnaire, plus que d’ un objectif volontaire... (...)

68 — Yves Bernabeu : Pour un vrai changement autonome
3e millénaire - Le développement des techniques de communication, d'information, nous a amené à concevoir la planète à l'image d'un « village planétaire », à celle aussi d'une « cyber-planète » ou d'un « vaisseau spatial-Terre »,... Comme alternative à la crise mondiale et au chaos planétaire qui se profile à l'horizon proche, qu'est-ce qui vous a conduit à l'idée du « monastère planétaire » ?
Yves Bernabeu - L’idée de mondialisation s’étant imposée, en effet de nouvelles images du globe ont été proposées, chacune correspondant à une nouvelle identité de la Terre et à un nouveau destin pour l’homme. Ainsi, lorsque nous évoquons la « cyber-planète », parce que tout est connecté, nous avons l’impression que c’est en ce sens que se joue le destin planétaire de l’humanité, selon une voie technique, pour l’essentiel. Le « village planétaire » renvoie aussi à la domination économique à l’échelle mondiale. C’est l’exclusivité des approches économique, politique ou technique qui nous mène pourtant au bord de l’abîme. Bien sûr, il n’est pas nouveau que le monde soit en crise ; la nouveauté est que toutes les sociétés de la planète sont simultanément menacées. (...)

72 — Rupert Spira : Retourner notre attention vers sa source
3e millénaire - Sur un plan ordinaire, je n'aime pas la façon dont parfois j'agis, ou dont je réagis dans telle ou telle situation. Je n'aime pas la lourdeur dont je fais preuve à beaucoup d'occasions. Je n'aime pas être pris dans des mouvements d'humeur incontrôlable... J'aimerais donc que certaines choses changent en moi. Mais est-ce possible ?
Rupert Spira - La façon dont nous agissons et réagissons repose sur le sentiment profond que nous avons de nous-mêmes. Si nous essayons de changer nos pensées, nos sentiments, nos réactions sans, au préalable, explorer le sentiment profond que nous avons de nous-mêmes, le changement ne sera que temporaire. Toutes les vieilles habitudes -nos comportements, notre manière de penser, d’agir ou de réagir - vont tout simplement revenir car la racine de la réactivité, des pensées, des émotions, n’aura pas été vue clairement. Le remède est donc d’explorer la racine de notre réactivité qui est toujours le sentiment profond que nous avons de nous-mêmes, de ce que nous sommes essentiellement. Toute manipulation de nos pensées, de nos
émotions ou de nos réactions ne pourra avoir d’influence profonde sur nos vies. (...)

Documents :

11 — J. Krishnamurti : La révolution fondamentale
Après avoir rejeté tout autoritarisme autant que tout système, Krishnamurti a donné des conférences et des entretiens en Inde, en Europe et aux Etats-Unis. Il enseigna la connaissance globale de soi (de l'observateur et de l'observé) comme « révolution fondamentale » ou « changement créateur».
*Extraits de Commentaire sur la vie, tome 2, Buchet-Chastel, 1973.

27 — G.I. Gurdjieff : S'observer pour changer
Au sein de son Institut pour le Développement Harmonique de l'Homme, G.I. Gurdjieff a transmis un enseignement cosmologique axé sur la connaissance de soi (l'observation de soi). Cette connaissance s'enracine dans l'observation des mécanismes psychologiques et physiologiques qui se manifestent dans la façon même de se connaître. (...)
*Voir dans cet article un extrait de : Fragments d'un enseignement inconnu (Ed. Stock, 1974)

47 — Jean Klein : Quel changement ?
Dès 1960, Jean Klein a enseigné le yoga et la philosophie de la non-dualité en Europe puis aux Etats-Unis à partir des années 1980. Musicologue et médecin de formation, il est l'auteur de plusieurs recueils d'entretiens qui ont permis d'occidentaliser de manière vivante les concepts de l'advaïta vedanta. (...)
*Voir dans cet article un extrait de : L’Ultime Réalité (Le Courrier du Livre, 1968, réédité par Almora.)

Étude :

82 — Phillip Charles Lucas : Les gourous de l'Advaita Moderne Non Traditionnelle et leurs critiques par l'Advaita Moderne Traditionnelle (3e et dernière partie)
La Revue 3e millénaire se fait souvent l'écho d'un courant spirituel issu de l'Inde, l'Advaita Vedanta, la non-dualité - la réalisation quiI n'y a pas séparation entre moi et l'autre, moi et le monde. Au 20* siècle, Ramana Maharshi, Nisargadatta Maharaj, H.W.L. Poonja en furent les figures éclairées, et la Revue fait souvent référence à leurs enseignements. C'est par eux que l'Advaita se fit connaître en Occident. Car ce sont eux que vinrent voir de nombreux occidentaux en quête d'eux-mêmes. Pour beaucoup, la découverte de la lumière de la conscience, d'une façon tangible et directe, fut un choc, un bouleversement. Revenus en Occident, certains enseignèrent, et leurs « enfants » spirituels ont pris leur suite.
L'article que la Revue présente ici est écrit par un universitaire : il met face à face les tenants de la Tradition et les « néo-advaitins » pour qui les méthodes traditionnelles sont caduques. Les points abordés touchent directement aux questions que chacun peut se poser en face d'un éveillé : quelle est la qualité de son éveil ? Celui-ci est-il stabilisé ? Son enseignement peut-il m'aider ? Que vaut-il ? C'est donc, quelque part, un appel à la discrimination auquel nous convie cet article. Enfin, au-delà de l'Advaita Vedanta, de la non-dualité, c'est la transmission d'une Tradition qui est ici questionnée, en un monde moderne où celle-ci est souvent bousculée.
*Voir aussi : https://www.revue3emillenaire.com/blog/ladvaita-moderne-phillip-charles-lucas/

Témoin d'Éveil :

78 — Alain : Basculement de conscience
La quête spirituelle s’est terminée ainsi que mon histoire personnelle par la disparition radicale et tranquille du chercheur que je croyais être, un certain jour du mois de juin 2012. Ce fut un moment de grâce et de félicité qui est resté gravé dans ma conscience.
Sur la côte méditerranéenne, dans la douceur d’un jardin ombragé, la dissolution de la croyance en la pensée moi s’est produite lors de ma rencontre avec Gérard, auteur qui avait suscité en moi beaucoup de curiosité.
Depuis plusieurs années, j’avais renoncé à la recherche de ce que j’appelais l’éveil ou l’illumination, je m’étais donc tourné vers une recherche plus
mystique et christique. (...)

Portfolio :

62 — Antoine Josse : Sculptures et peintures

77 — BD : Anna Guégan : Relooking Thinking

N°114 - Editorial - Hiver 2014

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RUBRIQUE LIVRES

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Alain DELAYE : Sagesses sans frontières : Les plus grands sages et mystiques du monde
Bruno GIULIANI : L'expérience du bonheur : Une philosophie de la joie
Lionel CRUZILLE : La spiritualité au coeur du quotidien
Patrick VIGNEAU : La méditation Heartfulness : Le message des Bishnoïs
Candice O’DENVER : CLARTÉ dans la vie quotidienne
Henry DAMAY : Regard sur la condition humaine
Karl B. de AZAGRA : Le Théorème Humain
François MALESPINE : Petits cailloux sur le chemin
Rupert SPIRA : Présence : L'essence de la non-dualité
Arnaud DESJARDINS : En relisant les Évangiles
J.R. PORTER : La Bible oubliée : Apocryphes de l'Ancien et du Nouveau Testament
Enzo BIANCHI : Prier la parole : Lecture et méditation des écritures
Mario MEUNIER : La Légende dorée des dieux et des héros
Patrick FISCHMANN : Contes des sages de la Grèce antique
Michel SCHMITZ : Teilhard de Chardin
Hervé COLLET & Cheng WING FUN : L’Art de l’ivresse
Pierre LASSUS : La sagesse du Petit Prince
Érik SABLÉ / Alexandre SATTLER : Les sadhus : Une société d'hommes libres
Douglas HARDING : Sagesse pour le XXIe siècle : Abécédaire
Érik SABLÉ : Chamanisme et magie animale : Suivi de L'oiseau dans le voyage spirituel de l'âme
Alain DELAYE : Aux sources du yoga : Patanjali et le raja-yoga

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N°95 et 96 - Vivre ses émotions

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