> LES CLÉS DU BONHEUR SE NOMMENT AMOUR, Altruisme et Compassion, de Sa Sainteté le Dalaï-Lama. — Producteur à la télévision indienne : Rajiv Mehrotra fut l’élève du XIVe Dalaï-Lama. Il eut la chance de pouvoir le rencontrer régulièrement pendant plus de vingt-cinq ans, entre 1982 et 2008. Les entretiens rapportés ici sont les transcriptions de quelques conversations qu’ils eurent en tête à tête. Tenzin Gyatso aborde de nombreux thèmes classiques du bouddhisme comme la compassion, la souffrance, le karma et la réincarnation, la conscience et la vacuité. Il n’hésite pas à exposer sa pratique personnelle, car le Dalaï-Lama ne se pose pas en surhomme, mais en homme engagé dans une voie spirituelle. Un de ces entretiens est entièrement consacré à la question tibétaine. Il fut réalisé juste après les répressions du printemps 2008 et on sent, à ses propos, que malgré la tristesse et les larmes que ces événements lui ont occasionné, sa pratique spirituelle, d’observation de la souffrance, lui permet de ne pas tomber dans le piège de la colère ou de la haine. Car « toute souffrance se fond dans l’essence même de la vacuité ». Il continue de préconiser une voie non-violente bien qu’il ait conscience que les nouvelles générations de Tibétains ne soient plus toujours en phase avec ses propos. Il dit d’ailleurs que les Chinois le considèrent comme un démon, et les Tibétains, et même son propre frère, le considèrent comme celui qui brade leurs droits. Bien évidemment, tous ne pensent pas comme cela. Toutefois, il pense que dans certains cas, on peut riposter à condition de le faire sans colère, et sans haine. Mais le travail qu’il a accompli sur la compassion lui a permis de voir que « même un ennemi qui me fait du mal est quelqu’un d’important, et qui a tout à fait le droit d’échapper à la souffrance et d’accéder au bonheur. La compassion véritable est donc le fait de se soucier de tous sans exception. » Il va même plus loin : « celui qui vous nuit doit aussi être considéré comme un guide spirituel. Vous découvrirez que votre ennemi est votre maître suprême. » Au cours de cet entretien, il rappelle aussi sa position politique : non pas demander une indépendance politique, mais une autonomie réelle et, plus que tout, une indépendance culturelle et spirituelle. Ed. Presse du Châtelet, 2010 - 290 p.
—3e millénaire, (96), Été 2010