Et voici donc le tout premier roman de Fabrice Colin, paru en 1997. Un seul volume qui se suffit à lui-même, un roman un peu frénétique et coup de poing, qui porte les caractéristiques d'une production de jeunesse mais également celles de l'oeuvre (à venir) de Fabrice. Bien que court, voici un roman qui fourmille de trouvailles, d'ambiances et d'éléments de forme très intéressants, cependant la réalisation parfois un peu gauche ne tire pas tout le parti de son potentiel.

New York, décembre 1999. Dans une atmosphère oppressante et millénariste, la ville se prépare-t-elle pour la fin du monde? On fait connaissance avec d'en-dessous: dans les souterrains de la ville, sur neuf niveaux, vivent les exclus, les marginaux, les rebelles, les illuminés. Ils y sont entassés comme des bêtes, mais ceux d'en haut ne vivent pas forcément mieux, avec la Sainte Inquisition qui a fait son retour et l'armée qui tente de reprendre le contrôle d'une situation qui dérape. Dan, Val et Peter, trois "amis" liés par un passge en centre de redressement vont suivre un mystérieux appel vers les profondeurs. Un voyage vers la folie accompagné par de mystérieuses résurgences d'anciens dieux.

Au final, Neuvième Cercle est un bon premier roman. L'univers est glauque, trash, voire sordide mais sa violence n'est pas gratuite et la plongée dans la psychologie des personnages principaux est faite avec beaucoup de justesse. Le roman a également pour lui un style vif et adroit, que l'auteur continuera de perfectionner dans ses productions ultérieures. Rétrospectivement on se dit qu'il recouvre une bonne partie des lignes directrices de l'oeuvre de Colin: multiplicité des points de vue, fantastique et merveilleux qui s'entremêlent, la sous-jacente question du Mal, quête de sens, introspection, onirisme et une constante recherche dans la modernité. Juste gêné par la relative immaturité de l'écriture: il y a un certain manque de cohérence avec des changements de rythmes, d'ambiance et de vocabulaire qui tirent le récit vers le bas, un nombre peut-être excessif d'intervenants et de thèmes qui finissent par délayer la substance. ( )