Louis-Julien Petit

Bravo au réalisateur Louis-Julien Petit qui a souhaité donné de la visibilité aux invisibles !
Ces invisibles, ce sont des femmes qui vivent dans la rue et qui retrouvent un semblant de vie sociale dans le foyer de jour qui les accueillent. Radeau éphémère menacé de fermeture, existant encore par la grâce d’une petite poignée de femmes exceptionnelles qui se défoncent au quotidien pour tâcher de redonner un peu d’espoir, de dignité et de confiance en elles à toutes ces personnalités déchues. L’une a fait une très grave dépression, l’autre a fait de la prison car elle a fini par tuer son mari violent, une autre encore a été lâchée par sa famille, etc. … toutes ont connu la chute pour une raison ou pour une autre.
S’occuper de ces femmes, c’est faire face à un taux d’échec abyssal pour les réinsérer (elles ont beau être magiciennes, c’est très dur), aux critiques de leur hiérarchie qui trouve qu’elles chouchoutent trop ces SDF et qu’elles les maintiennent de fait dans la précarité, c’est faire le sacrifice de sa vie privée, aller de déception en déception et avaler bien des couleuvres.
Le réalisateur filme tout ce petit monde-là avec une énergie folle, un humour tonitruant et gentiment féroce. Superbe idée que d’avoir demandé à des femmes vivant réellement dans la rue de jouer dans le film car c’est parfaitement réussi. Tout devient évident grâce à l’interprétation impeccable des comédiennes professionnelles (mention spéciale à Audrey Lamy !), la mobilité de la caméra, la fluidité du montage.
C’est généreux et sensible, sans jamais tomber dans l’angélisme (bien au contraire). Louis-Julien filme une utopie, en portant un regard très humain mais sans concession.
Un très beau film qui donne enfin la parole à celles que l’on n’entend jamais et que l’on évite de regarder dans la rue pour dissiper notre gêne de ne rien faire. Et qui rend également hommage aux formidables travailleurs sociaux qui tentent l’impossible, même quand ils savent que… oui, c’est la plupart du temps totalement impossible.… (mehr)