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> UN JOUR, UNE VIE, par Taïkan Jyoji - Editions Almora 2011, 173 pages - 16 €. — Taïkan Jyoji, maître zen, est un homme bien planté dans son humanité. Souvent très cru, sans complaisance aucune ni pour lui-même ni pour son prochain, il nous fait part de l'itinéraire qui l'a conduit de Genève au monastère de Shofuku-ji au Japon, l'amenant à renoncer à être un architecte médiocre pour prendre la voie du Zen (sans doute, dit-il, parce qu'il n'a rien trouvé de plus utile à faire… )
Très captivant, surtout pour le lecteur néophyte, son récit composé de faits quotidiens parfois des plus triviaux est ponctué de propos philosophiques et émaillé d'haïkus, impressions du moment. Toute la profondeur de ce petit ouvrage repose sur sa légèreté.
« Lorsque le cœur ne comprend pas quelque chose, ce n'est pas la peine que le corps lui explique pourquoi. » —Infos Yoga
—Infos Yoga, (83), (Été 2011), p. 42

> UN JOUR, UNE VIE, de Taïkan Jyoji. — Dans la première partie de l’ouvrage, l'auteur, français d’origine, donnait à lire le journal qu’il tenait dans un monastère zen au Japon. L’ont trouvait ses doutes, ses peurs, ses souffrances, la difficulté à vivre dans un tel endroit pendant sept ans, mais aussi ses joies, et parfois le reflet de cette détente si particulière que peut offrir le dépouillement de toute une structure mentale superposée par conditionnement et imitation à la vie. Dans cette deuxième partie, il est de retour en occident depuis longtemps et la vie y est bien sûr beaucoup plus douce. L’alternance entre moments durs et doux y est peu marquée, et c’est une autre phase de vie qui y est exprimée : la transmission. C’est aussi, après un long parcours de vie dans le zen, une réflexion sur la liberté, l’éveil, qui s’égrène au fil des pages. L’auteur insiste à de nombreuses reprises : la pratique de zazen, c’est-à-dire de l’assise immobile en tailleur est l’essence du zen. C’est par elle que l’on découvre l’écheveau à première vue inextricable de nos pensées, de nos émotions, de nos tensions. C’est par elle que l’on comprend que nous ne sommes ni le corps, ni les émotions, ni les pensées qui nous habitent. C’est par elle que se dénouent nos idées toutes faites, nos réactions automatiques, nos jugements à l’emporte-pièce, nos a-priori : « Mourir à soi, c’est ce que propose le zazen : déceler, pour les desceller un à un, les barreaux qui nous retiennent prisonniers de notre structure. Mourir à soi-même, ou mourir au moi, c’est faire tomber ses certitudes, ses préjugés. Pas besoin de se dire : il faut que je laisse tomber ça. Ça tombe tout seul. » Cependant, tout ne tombe pas d'un coup. De nombreuses années de pratique sont nécessaires, « une vie entière » nous dit l’auteur. La pensée rationnelle, discursive, est parfaitement inutile. Seul zazen a le pouvoir de mettre fin à l’agitation mentale. Seul zazen permet à la non-pensée de se révéler. L'intérêt de l'ouvrage est qu’il ne s’agit pas d'une longue dissertation sur l’essence du zen, mais de réflexions issues d’une longue maturation de l'être, de pensées trouvant leur ancrage dans la méditation, de poésies, d'observations sur la vie de tous les jours. Cet aspect - non linéaire - rend la lecture agréable. Ed. Almora, 2012. 186 p.
—3e millénaire, (105), Automne 2012