Pour ce film tourné en 1980, Claude Sautet délaisse ses habituels personnages de la bourgeoisie française pour dépeindre un univers modeste. Bruno (magnifique et vibrant Patrick Dewaere) revient des Etats-Unis où il a été incarcéré pendant 5 ans pour avoir dealé de la drogue. Dès le matin de son arrivée à Paris, il rend visite à son père (Yves Robert), veuf depuis deux ans, qui habite un petit appartement cafardeux. La surprise de voir apparaître ce fils perdu sur le seuil de sa porte est immense, entre rancoeur et joie ; difficile de savoir laquelle des deux l'emporte dans une émotion aussi ambivalente.
Bruno a envie de mener une vie honnête. Il cherche du travail, accepte même un premier job très pénible de chargement de marchandises. Dans la librairie de livres anciens d'un esthète passionné (extraordinaire Jacques Dufilho), il tombe amoureux de Catherine (Brigitte Fossey), qui essaie elle aussi de ne pas retomber dans l'enfer de l'addiction.
Le coeur du film est celui du lien et du renouement : le lien père-fils, corrompu ici par la disparition de l'épouse-mère (le père accusant le fils d'être à l'origine du décès de cette dernière alors que l'on découvre bien plus tard dans le film que la part du père est loin d'être insignifiante). La libération de ses démons passe par la tentative de renouer avec le père et à travers le père, avec soi-même.
Encore un film juste de Claude Sautet, très bien dirigé et interprété. ( )