> Babelio : https://www.babelio.com/livres/Dubois-60-experiences-de-vie-interieure/954626
> Voir un extrait : https://books.google.fr/books?id=JgAUEAAAQBAJ&hl=fr&printsec=frontcover&...
> Eveil et philosophie, blog de José Le Roy : http://eveilphilosophie.canalblog.com/archives/2017/05/11/35273408.html

> RÉSUMÉ. — David Dubois nous invite à faire des expériences qui ouvrent des portes vers une nouvelle vie : la vie intérieure. A côté de la vie ordinaire axée sur la quête de la réussite, il existe une autre manière de vivre, nourrie plutôt par un sentiment d’unité avec toutes choses. Le but de ces expériences est de découvrir ce sentiment d’unité, ou de le ranimer. Ces expériences ouvrent aux deux dimensions de la vie intérieure : la paix et la plénitude.
Elles ne modifient pas seulement notre sensibilité. Elles ne se contentent pas d’ajouter un souvenir à notre mémoire, venant grossir les rangs de notre cabinet de curiosités. Elles portent en elles la possibilité d’une conversion. A quoi ? A l’absolu, au divin, quel que soit le nom qu’on lui donne. Elles suggèrent une révolution, un bouleversement, un retournement vers ce qui seul a du sens, de la valeur, vers l’unique réalité capable de nous combler, vers cela qui fait que la vie vaut la peine, malgré tout, d’être vécue, vers l’Unique Nécessaire.

> EXPÉRIENCES DE UIE INTÉRIEURE, par David Dubois, "60 expériences de vie intérieure”, paru aux éditions Almora, mai 2017. — L’auteur nous propose de nous exercer à une autre forme de vie : la vie intérieure. Que se passe-t-il dans les intervalles, entre deux pensées ? Que se passe-t-il quand rien ne se passe ? Qu’y a-t-il quand il n’y a plus rien ?
Pour ce philosophe particulièrement intéressé par le shivaïsme non dualiste du Cachemire, la recherche spirituelle se résume à rechercher l’immobilité et à travers cela l’unité qui est en nous. Cette recherche peut être menée à travers le corps, le souffle, la respiration. David Dubois nous convie à 60 expériences qui sont des séances de yoga à vivre sur un tapis, si on le souhaite mais aussi dans les actes de la vie ordinaire.
À la source de ces expériences, l’auteur propose une traduction de textes indiens sanskrits inscrits dans la tradition du shivaïsme du Cachemire. À découvrir et à expérimenter en se reportant à la page 38 (Voir ci-dessous) du présent numéro d’infos Yoga. —Marie-José MATHIEU
—Infos Yoga, (121), Mars/Avril 2019, p. 40

> EXPÉRIENCES DE UIE INTÉRIEURE, par David Dubois, Deux extraits de : "60 expériences de vie intérieure”, paru aux éditions Almora, mai 2017.
Ecouter la fin de chaque expiration
Le souffle fait le lien entre le corps et l’esprit. « Avoir le souffle court », « le souffle coupé », « être à bout de souffle », sont des expressions de ce lien naturel. Quand l’esprit se calme, la respiration s’apaise. À l’inverse, nous pouvons apaiser l’esprit en calmant le souffle.
Mais à côté de ces manipulations, pourquoi ne pas écouter la respiration ? Tout simplement.
Debout, assis ou allongé, écoutez le va-et-vient de l’air dans les narines. Ressentez le passage de l’air dans le corps. Goûtez la propagation de ce ressenti dans toutes les zones du corps. Observez doucement ces sensations subtiles comme des rides sur une eau calme.
Laissez-vous captiver par le va-et-vient du souffle. Comme le ressac des vagues qui viennent lécher le sable de la plage. Si la respiration est plus agitée, ressentez-la comme des rouleaux qui viennent exploser sur les rochers. Ressentez cette puissance. Ce privilège de sentir la vie en soi. Cette musique, ces mélodies et ces rythmes qui ne dépendent d’aucun mode.
Laissez-vous, tranquillement, bercer par cette cadence, ce cycle de la vie. Laissez les paupières se fermer si elles sont lourdes. Allongez très légèrement l’inspir si vous vous sentez lourd. Si vous sentez venir un bâillement ou un soupir, accueillez-le et laissez-le venir comme une grosse vague de conscience qui s’étale loin de l’espace.
Maintenant, dirigez doucement votre attention sur la fin de chaque expiration. Encore et encore… mais chaque fois est l’unique fois. Entre la fin de chaque expir et le début de l’inspir suivant, il y a un moment d’équilibre. Savourez cet instant d’apesanteur. Donnez-vous entièrement à ce moment de grâce.
L’inspir est souvent appropriation et repli sur soi. Du reste, on est souvent saisi d’une forte et brève inspiration du souffle quand on est pris au dépourvu, ou face à un choc émotionnel. On se replie alors comme une tortue effrayée rentre ses pattes.
L’expir est fréquemment une agression vers l’extérieur, un effort pour changer le monde dans le sens qui nous convient. On parle, on crie, on crache dans l’expir.
Mais expirer, c’est aussi mourir. Et l’inspir nous remplit de vie, nous inspire ; le souffle entre frais comme la lune et sort chaud comme le soleil, dit-on dans la tradition du yoga. Une lutte cosmique entre le masculin et le féminin, entre les forces contraires, se joue en nous. C’est que le va-et-vient du souffle est souvent recouvert d’émotion, d’agression et de défense, de saisie et de rejet. Ecoutez-le. Puis laissez-vous aller à chaque expir. Et goûtez à l’intervalle de paix, à cet équinoxe du souffle apaisé qui n’est ni repli sur soi, ni agression, ni introversion, ni extraversion. Laissez-vous planer, en apesanteur, dans cet espace neutre, mais rempli d’énergie, disponible. Telle est l’âme de cette expérience, une exploration sans autres limites que celles que nous imaginons.
À présent, vous constatez que la paix ressentie dans l’intervalle est toujours présente quand l’inspir suivant a lieu. Puis l’expir, et ainsi de suite. La paix n’est plus un intervalle, mais le fond vivant sur lequel se détachent les opposés : inspir et expir, vie et mort. La respiration n’est plus perçue comme une interruption de la paix, comme un déséquilibre, mais comme des vagues dans cet océan de paix. Ressentez comme l’expir et l’inspir s’allègent peu à peu. Ils deviennent diaphanes et laissent la paix transparaître. En fait, ils s’amenuisent et la conscience de l’intervalle devient de plus en plus vivante. Comme une fissure, d’abord étroite, s’ouvre en grand. Comme un bâillement. L’intervalle n’est plus entre les respirations. Il n’est plus en elles. C’est la respiration qui va-et-vient dans cette paix. Douce, légère, transparente. La paix accueille le souffle. Mieux : le souffle est l’expression de cette paix, sans séparation, comme le ressac des vagues sur le sable. Vous êtes cette paix.

Sortir du temps par le souffle
La vie ressemble parfois à une session de lavage intensif. On a l’impression d’être pris dans une moissonneuse-batteuse, tourneboulé et tiraillé entre mille obligations. Le souffle, on l’a dit, incarne ce tiraillement qui débouche sur un sentiment de fragmentation et, finalement sur l’impression de vivre superficiellement, comme si l’on était prisonnier de la surface de soi-même.
Asseyez-vous et écoutez le va-et-vient du souffle. Entrée, sortie… Accepter, rejeter… Se battre, abdiquer. Toute notre vie est dans ce mouvement comparable au va-et-vient d’une scie ou d’une corde tirée à chaque extrémité par des ennemis inconciliables. C’est une sorte de tragédie, car chaque force a sa raison d’être. Il faut inspirer pour vivre. Et expirer pour mourir. Apparemment inconciliable. Tragique. Ainsi, l'alternance des respirations incarne les dilemmes, les problèmes qui tissent nos existences.
Mais au lieu de vous détendre à la fin de chaque expir, comme dans la méditation précédente sur le souffle, à présent notez l’instant où, à la fin de l’expir, le souffle est en équilibre parfait. Juste un instant. Un moment de paix. D’immobilité. Laissez-vous saisir par cet instant. La respiration continue. Mais restez juste dans cet instant non duel, ce centre libre des extrêmes, cet œil du cyclone.
Quel incroyable silence ! Tout s’arrête. Tout continue, bien sûr. Mais quelque chose s’arrête. Un silence intense vous saisit. Vous vous retrouvez stupéfait. Vous n’êtes plus ici ou là, vous n’êtes plus dans le passé ni l’avenir, dans la mémoire ni l’imagination. Vous n’êtes plus ceci ou cela. Plus d’alternative. Plus le choix. Plus de tragédie. Plus de pesanteur ni de lutte contre la pesanteur. Cet instant de grâce est comme l’instant d’apesanteur en haut d’une montagne russe. Mais, au lieu de vous intéresser à l’inspir qui suit, laissez-vous tomber dans le ressenti de cet instant de pur arrêt. Comme un vol plané. Sans anticiper, comme un voyageur curieux qui découvre un paysage pour la première fois, ne faites plus rien.
L’inspir et l’expir sont les deux gardiens de la porte du paradis. Mais il y a un intervalle entre eux. Une faille. Dans le Véda, le savoir de l’Inde antique, l’éternité est gardée par deux chiens qui symbolisent les contraires dont les tiraillements engendrent le temps. Le chien du jour se bat sempiternellement contre le chien de la nuit. Et leur agitation, leurs aboiements et leur violence tiennent notre attention, note conscience, notre ressenti, captifs. De sorte que la porte de l’éternité demeure, pour nous, fermée. Pourtant, l’instant, le centre entre l’inspir et l’expir, est l’instant qui ouvre sur l’atemporel. À chaque respiration, à chaque cycle, l’occasion nous est offerte de quitter le temps. Ensuite, le temps continue, mais dans l’éternité. Ce qui, vous en conviendrez, change tout.
Écoutez le souffle. La puissante guerre de la vie contre la vie. Et plongez dans le centre, la vie elle-même, par-delà tout conflit. La guerre alors devient jeu, danse et innocence.
—Infos Yoga, (121), Mars/Avril 2019, p. 38-39

> EXPÉRIENCES DE UIE INTÉRIEURE, par David Dubois, (2017 - Almora - 190 p. - 17 €). — David Dubois nous invite à faire des expériences qui ouvrent des portes vers une nouvelle vie : la vie intérieure. A côté de la vie ordinaire axée sur la quête de la réussite, il existe une autre manière de vivre, nourrie plutôt par un sentiment d’unité avec toutes choses. Le but de ces expériences est de découvrir ce sentiment d’unité, ou de le ranimer. Ces expériences ouvrent aux deux dimensions de la vie intérieure : la paix et la plénitude. Elles ne modifient pas seulement notre sensibilité. Elles ne se contentent pas d’ajouter un souvenir à notre mémoire, venant grossir les rangs de notre cabinet de curiosités. Elles portent en elles la possibilité d’une conversion. A quoi ? A l’absolu, au divin, quel que soit le nom qu’on lui donne. Elles suggèrent une révolution, un bouleversement, un retournement vers ce qui seul a du sens, de la valeur, vers l’unique réalité capable de nous combler, vers cela qui fait que la vie vaut la peine, malgré tout, d’être vécue, vers l’Unique Nécessaire. David Dubois propose aussi en complément une traduction de textes indiens sanskrits, dont certains sont inédits, et qui sont une des sources de ces expériences, telles qu’elles sont présentées dans la tradition du shivaïsme du Cachemire. Un véritable manuel de méditation, original, créatif et ancré dans la tradition indienne la plus profonde.
—3ᵉ millénaire, (125), Automne 2017