> L'UNIVERS EST UN RÊVE, de Erik Sablé. — Que l’univers soit un rêve, cela signifie qu’il n’est pas objectif et que le rêveur, ou notre intelligence, « organise le monde en s’organisant elle-même » (selon Piaget). L’objectivité paraît alors, pour Erik Sablé, comme « un mythe totalitaire, dangereux ». « En vérité, souligne l’auteur, chaque culture développe son propre rêve... et aucun rêve n’est supérieur aux autres. » S’agit-il de la « vérité » !...
L’auteur regroupe, dans cet ouvrage, un ensemble assez hétérogène de témoignages et de conceptions d’hommes et de traditions différentes. De Tchoung-Tseu à Alexandre Jodorowsky, en passant par les indiens Cherokee : Jivaro, le bouddhisme, le soufisme, le Védanta : Robert Fludd : René Descartes : George Berkeley : Emmanuel Kant ou Alexandra David-Neel,..., Érik Sablé aborde des relations au monde, au songe et au cauchemar.
« Cette étrange osmose entre le “dedans" et le "dehors" suggère que le monde extérieur se déroule en fait à l’intérieur de notre conscience... comme un rêve. »
En abordant la question de cette façon, a-t-on pour autant libéré la conscience de l’objectivité? La notion de « synchronicité » suggère, la plupart du temps, l’existence de phénomènes sous-jacents au monde objectif. Quant au monde du rêve, s’il touche au monde invisible qui organise la manifestation, il ne s’y confond pas pour autant. Et le mythe de l’objectivité demeure, avec, "objectivement", un monde qui lui est invisible. La tendance à renier l’objectivité n’a pas ses racines au coeur des traditions spirituelles, comme beaucoup d’auteurs se sont plus à le croire (ne pas confondre la corde et le serpent !). Elle est née avec un existentialisme nihiliste pour qui « l’existence précède l’essence » (Jean-Paul Sartre) et s’est progressivement imposée à l’ensemble des consciences contemporaines. La vérité n’est peut-être pas qu’un rêve (ou un cauchemar) soit supérieur aux autres, mais qu’il soit consciemment vécu. Ed. Zulma (www.zulma.fr), 2005 - 105 p.
—3e millénaire, (78), Hiver 2005