> Bibliographie : https://www.librarything.fr/work/30835700/book/247558596

> KARLFRIED GARF DURCKHEIM, Textes & témoignages, de Jean-Yves Leloup. — Il s’agit ici de la réédition d’un numéro aujourd’hui épuisé de la revue « Question de », reprenant les actes d’un colloque consacré à Karlfried Graf Durckheim, le « sage de la Forêt Noire ». On y trouvera des contributions entre autres de Jacques Castermane, Jean-Yves Leloup, Henri Hartung, Alphonse et Rachel Goetmann... De très heureux inédits proposés par Jacques Castermane qui fut très proche de Durckheim enrichissent l’ouvrage : textes issus d’entretiens particuliers ou de conférences. En particulier, on apprend dans un de ces textes introductif que Durckheim enseignait à l’Université la phénoménologie, « branche de la philosophie qui donne place à une connaissance qui procède de l’expérience sensible », comme l’avait initiée en son temps le philosophe allemand Husserl. Mais il reconnaîtra que si cette voie l’avait préparée à la rencontre du zen, son approche de la connaissance de soi était restée conceptuelle. Il fallait la rencontre avec un enseignement direct, concret, insistant sur les choses simples de la vie : marcher, respirer, s’asseoir.
C’est au Japon, pendant la seconde guerre mondiale, qu’il fit cette rencontre : zen et tir à l’arc furent au menu et firent naître en lui une nouvelle façon d’être dans la vie. L’évidence lui vint alors de transmettre la voie du zen en Europe en la libérant de toute coloration orientale et rituelle. On peut noter le rôle qu’il joua chez beaucoup dans la prise de conscience du Hara, cette zone située sous le nombril, point d’ancrage énergétique de l’être. Beaucoup serait à dire sur les apports de cet homme en Europe, et beaucoup est dit dans ce livre, avec sensibilité et intelligence. Mais peut-être faut-il insister sur le rôle fondamental que Durckheim attribuait à l’exercice : la sagesse s’exerce. Il ne s’agit pas d’un exercice allant nourrir l’ego : il se trouve au contraire mis au service de l’Etre Essentiel. Passer du corps qu’on a au corps qu’on est, respirer de façon juste, être dans la juste attitude, en sont le fruit. La transmission se poursuit aujourd’hui par Jacques Castermane qui incarne aujourd’hui cette voie zen laïque. Ed. Le Relié, 2012 - 184 p.
—3e millénaire, (106), Hiver 2012