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> LES 4 ACCORDS DU BONHEUR, de Patrice Ras. — C'est Carlos Castaneda qui le premier a popularisé la sagesse de l’Amérique du Sud, spécifiquement celle du Mexique. La forme romancée de ses ouvrages y contribua certainement grandement. A sa suite se sont engouffrés beaucoup de gens, certains témoignant d’une connaissance réelle, et d’autres témoignant d’une grande capacité de compilation. Bien sûr, bien peu d’Occidentaux ont la possibilité de bénéficier d’un enseignement direct d’un maître de sagesse du Mexique car cela requiert de vivre là-bas de nombreuses années : la Connaissance ne s’incarne pas en quelques stages de chamanisme en Ardèche ou en un cycle d’étude réparti sur 5 ans à raison d’un week-end par mois. Mais, au-delà de cette connaissance incarnée se joue la diffusion des idées, et elle a son importance. Écrire un livre, c’est diffuser des concepts et cette diffusion est d’autant plus évocatrice pour le lecteur que l’auteur(e) les aura intégrées dans sa propre vie, de façon concrète. Le présent ouvrage utilise des concepts chamaniques comme guide de développement personnel. L’auteur choisit des situations de vies emblématiques, fait ressortir les limitations des comportements qu’elle présente et relie ça à un animal "totem" de la Tradition Toltèque. Cet animal représente donc un aspect de la psyché. Des questionnaires peuvent aider le lecteur à se situer dans cette représentation. L’auteur fait un constat souvent judicieux sur les situations qu’il présente, et propose certaines voies d’évolution, par exemple en invitant à un travail thérapeutique. Notons que certaines formulations très dualistes nous laissent perplexes. L'auteur insiste bien sur l'aspect ternaire de la vie, mais il semble ne pas appliquer cette vision dans ses conseils. Citons : « détruisez vos mauvaises habitudes ». Tellement de questions sur ces quelques mots : mauvaises habitudes ? Mais qui les juge mauvaises ? Et qui va détruire ? Le juge ? L’ego peut-il détruire l’ego ? Citons aussi, « Décidez d'être heureux maintenant, décidez d’être heureux quoi qu'il arrive etc. » Qui n'a pas pris de décisions au nouvel An ? Cette année, je ne mangerai plus de chocolat ! Mais voilà, le "moi" qui prend cette décision forte laisse bientôt la place au "moi" qui rentre du travail, fatigué. Celui-là, ce ne sera pas un carré qu’il mangera, mais la tablette ! Qui décide ? Qui a le pouvoir de décider ? Ne faudrait-il pas un "moi" permanent ? Un "moi" doté d’une Volonté ? Or, nous sommes faits de morceaux, nous sommes en miettes. La tête prend la décision de se lever à 6h du matin, mais le corps ne bouge pas avant 8h... Recoller les morceaux épars de notre psyché nécessite un long travail d'observation, de mise en lumière. C’est la lumière de l’observation qui nous change, apporte de l'ordre dans la confusion qui est celle qu'ordinairement nous expérimentons. Ed. Dangles, 2012. 127 p.
—3e millénaire, (105), Automne 2012