> Babelio : https://www.babelio.com/livres/Bobin-LEnchantement-simple/2227

> L'ENCHANTEMENT SIMPLE. Le jour de la semaine. L'autre visage. L'éloignement du monde, par Christian Bobin. — « Le livre est la hache pour briser la mer gelée en nous », écrivait Kafka. Certains ouvrages trouvent mystérieusement la route qui les porte chez ceux qui doivent les lire. Sans publicité, sans tapage médiatique, ils s’acheminent vers ceux dont ils deviendront les livres-culte tels : Le loup des Steppes, de Hermann Hesse ; Ici et Maintenant, de Baba Ram Dass ; Voir : les Enseignements d’un Sorcier Yaqui, de Carlos Castaneda ; Dialogues avec l’Ange, de Guitta Mallaz ; Le Très-Bas, de Christian Bobin… Tant pis si le système, l’époque et les vautours tentent de les récupérer dans une débauche de groupements, conférences et ateliers » où la voix qui sut parler secrètement a notre coeur et à notre conscience (plus encore qu’à notre « esprit ») vient se noyer dans les échoppes des marchands du Temple. Une fois « lancée sur le marché », cette même voix risque de nous paraître souillée. Il faut continuer à savoir l’entendre, à la dénicher sur les rayonnages les plus improbables des librairies.
C’est pourquoi je tiens à rendre hommage ici à l’éditeur des Lettres Vives, Michel Camus, le « découvreur » de Christian Bobin qui nous offre les admirables textes de ce grand écrivain - tellement au-delà des mots - dans de non moins admirables objets. De petits livres amoureusement composés (superbe typographie) et fabriqués, où le lecteur (à qui la joie de couper les pages est encore offerte) s’enchantera de l’émotion de l'orant, pas seulement du « lisant ». De somptueux textes tout en blancheur et en retenue, de cet alchimiste du verbe qui avoue écrire depuis qu’il n’a plus le souci d’écrire, habiter dans la clarté de quelques visages et dans une poignée de paroles assez faibles pour se faire entendre, et pour qui la sainteté a si peu à voir avec la perfection qu elle en est le contraire absolu ; la perfection est la petite soeur gâtée de la mort, la sainteté est le goût puissant de cette vie comme elle va - une capacité enfantine à se réjouir de ce qui est sans rien demander d’autre. Bobin chante, comme personne, l’amour, la mort, la méditation, la nature et la solitude. Ces petits livres rares sont de ceux qu’il faut offrir à ceux que l’on aime… vrais. Éd. Lettres Vives. (Marie-Thérèse de BROSSES)
—Nouvelles Clés, (2), Été 1994, (p. 87)

> TOUT BOBIN EN UN SEUL LIVRE. — Il y a longtemps que Christian Bobin méritait de figurer dans la collection de poche Gallimard/Poésie. Grâce à L'Enchantement simple, voilà qu’un public plus vaste aura désormais accès à ces quatre textes (L'Enchantement simple, Le Huitième Jour de la semaine, Le Colporteur et L'Éloignement du monde) d'abord parus chez lettres vives, Brandes et Fata Morgana. On gagne à relire ces pages où la prose poétique se mêle au ton de la confidence discrète. De plus, cette nouvelle édition rassemble le meilleur de Bobin : une écriture à la fois dense et légère, qui accompagne une quête spirituelle exemplaire. Pour ceux qui ont déjà ces « petits livres », il y a toujours cette merveilleuse préface de Lydie Dattas qui vaut, à elle seule, l’achat du volume.
Après avoir lu ce texte, on n'observe plus le trajet de Bobin du même oeil qu’auparavant. Comme l’affirme l’auteure du Livre des anges, « la résistance radieuse de Christian Bobin au désenchantement de son siècle fait plus que nous apporter un réconfort : elle ouvre une brèche au fond de l’impasse sordide où une littérature déliquescente avait fini par attirer la pensée ». Une voix qu’on prend plaisir à entendre de nouveau.
*L’ENCHANTEMENT SIMPLE et autres textes, de Christian Bobin, Gallimard/NRF, coll. « Poésie » Paris, 2001, 175 pages. (David CANTIN)
—Le devoir, 10 novembre 2001, (p. 27)