> JE LE PENSAIS, DIEU LE GUÉRIT, De l'art de guérir, de Dr Bernard Woestelandt. — Pour le Dr Bernard Woestelandt, la médecine qui est « à l’image de ses patients, est comme un arbre dont les racines ont été coupées ». C’est aussi ce que constate, plus timidement, les instances officielles telle l’Académie suisse des sciences médicales qui, dans le rapport “Buts et missions de la médecine au début du 21e siècle", met « l’accent sur la relation de plus en plus difficile entre la science et la pratique médicale, pointant du doigt une médecine technicienne qui s’éloigne d’une réalité humaine ». Chacun de nous perçoit avec plus ou moins d’acuité que « le développement technico-scientifique de la médecine contemporaine entraîne une déshumanisation ». Nous recevons également avec quelque inquiétude les exploits de la chimie de la pharmacopée psychiatrique qui rend les déprimés euphoriques, les anxieux décontractés, et les agités plus sages que sages, nous dit l’auteur.
« Coupée de la tradition hippocratique et affirmant être la tradition, une pensée unique s’est installée, tournant en ridicule les authentiques médecines traditionnelles, cantonnant l’homéopathie aux petites granules, la médecine chinoise aux petites aiguilles et la phytothérapie aux petites tisanes. Or, il s’agit de bien d’autre chose pour les médecines traditionnelles, tout au moins pour la médecine chinoise et l’homéopathie. Il s’agit d’une conception de la santé tout à fait originale, voire originelle ; d’une conception de l’homme et de l’existence humaine qui rappelle à l’homme ses racines, sa dignité et sa responsabilité. »
La médecine contemporaine, médecine de l’artifice est en effet bien éloignée des traditions médicales aux perspectives holistiques. Homéopathe, l’auteur nous fait pourtant remarquer que son Art n’en est pas moins « une médecine scientifique, une médecine de l’expérience, d’essence phénoménologique, en lien étroit avec la pensée d’Hippocrate et d’une innocuité totale qui satisfait à la prudence. » Mais que manque-t-il à notre dimension d’homme, que le scientisme a réduit à la mécanicité de ses processus biologiques ? « La présence active de l’âme », nous dit le médecin philosophe, qui « est impérativement nécessaire à la personne sous peine d’une dictature du physique au détriment de l’esprit et vice-versa. » Ce qui manque ? c’est notre « Source », la « Vie de la vie » dont « Le chemin de l’âme est celui de l’apprentissage de l’amour » ; car « l’homme ne peut être Homme s’il ne donne sens à sa vie » ; s’il ne retrouve le simple sens de la Foi. Ed. Presses du Belvédère & Editions Favre, 2010. 230 p.
—3e millénaire, (99), Printemps 2011