> LA PEUR SOUS TOUTE SES FORMES, de Monique Virelaude. — La peur, racine de toutes les souffrances. Elle est toujours là, sous la surface, dictant des comportements parfois de fuite, parfois d’agressivité, mais toujours nous coupant de la réalité, de la situation que nous vivons. Elle nous coupe littéralement, car elle prend sa source dans ce qui en nous fut coupé, stoppé : l’élan de vie. Et ceci arriva souvent très jeune. Mais la peur nous offre aussi un cadeau. Elle est un aiguillon, oblige à se mettre en question. Car sans la peur ou la souffrance, sans ce frottement que produit en nous la vie dans tous ses aspects, aurions-nous la force d'aller à la découverte de notre vérité première, de notre essence adamique ? La peur nous pousse, tant ses effets sur nous créent du désordre : désordres organiques (tensions inutiles, maladie), désordre du sentiment, désordre de la pensée. Le préambule donne ainsi la tonalité de l'ouvrage : « L’ego vous murmure à l’oreille la même peur sous toutes ses formes : la peur de manquer, la peur de perdre, la peur d’être abandonné, la peur du vide, la peur de ne pas plaire, la peur de mourir et, en plus, la peur de vivre... C’est la même douleur. C’est cette vibration primitive de peur, ce morceau égaré, ce point douloureux, c’est ce bruit éclaté de la matière que je vous propose d'abord de rencontrer. » Cette rencontre n’est pas seulement abstraite, au contraire ! De nombreux exercices ponctuent les chapitres et permettent au lecteur une expérimentation vivante. C’est, au-delà de la clarté et même de la beauté de l’écriture, le point fort de l’ouvrage. La rencontre se fait avec le corps, les sensations, les sentiments, les pensées dictées par la peur. Le cheminement se fait en se basant sur une représentation particulière de notre psyché, en prenant ce terme au sens large : corps-sentiment-penser. Celle-ci s'est construite selon des structures basses (bas du corps) et hautes (haut du corps) dont le point de rencontre est la zone du diaphragme. L'ego, dans son désir de survie, a capté et détourné les énergies vitales pour déformer ces structures. Le résultat est une lutte, parfois larvée et parfois douloureuse, entre les structures basses et hautes. Ainsi, ce qu’elle appelle la structure orale, le besoin de se remplir, va-t-elle se trouver en conflit avec une structure haute produisant le jugement. Les exercices proposés ont pour but de se rapprocher du corps, de redonner une souplesse aux mouvements d'énergie qui nous animent, d'observer sur le vif la façon dont les structures réagissent aux situations de la vie. On peut noter l’importance qu'elle attribue au diaphragme : la respiration chez les adultes est si réduite que ce muscle perd toute tonicité. Or, nous dit-elle, le diaphragme est le pont entre le bas et le haut et il est essentiel à une mise en lien entre les énergies du bas du corps et celles du haut : « nous sommes à mi-chemin entre le minéral et la lumière ». Beaucoup de ses exercices utilisent des modes de respirations renforçant le diaphragme. Nous sommes travaillés par ces respirations, ces exercices. L'attention s’affine, une certaine qualité de silence peut doucement diffuser en nous. L’unité devient possible : tout vibre selon son rythme naturel, sans perturbation : « le bercement de l’onde majeure de neutralité envahit toute ma corporalité ». Un livre d’exploration qui, par sa constante invitation à l’expérimentation, peut apporter de nombreux éclairages organiquement ressentis sur notre mode de fonctionnement. Notons enfin que ce livre ouvrage a été autoédité, aussi est-il nécessaire de contacter directement l’auteure pour se le procurer : mvirclaude@gmail.com Ed. Auto Editions, 2012. 292 p.
—3e millénaire, (105), Automne 2012