Je n’avais pas vu que ce livre était publié aux éditions de minuit avant de commencer sa lecture audio, sinon je me serais doutée qu’il y avait anguille sous roche… Je m’attendais à un bon vieux roman à suspens de derrière les fagots. Pas si « bon vieux » que ça comme le laisse supposer le titre et les premières lignes qui nous plongent tout de suite dans l’univers obscur pour moi des blockchains et des bicoins, mais l’idée est là.
Et on a effectivement un bon vieux roman d’espionnage, mais un auteur qui joue avec les codes, je ne peux pas en dire plus sans vendre la mèche, mais j’ai aimé me laisser surprendre. Je ne suis pas sûre que j’ai beaucoup appris sur les blockchains et l’espionnage informatique parce que je n’ai écouté les parties didactiques que d’une oreille distraite en comptant les points de ma broderie (eh oui, c’est souvent cela que je fais quand je lis des livres avec les oreilles) et je ne suis pas sûre que j’aurais aimé lire ce livre avec les yeux. Mais ce fut un bon divertissement d’une heure d’en écouter cette adaptation radiophonique.

A very interesting book that at the same time stirs up fears but also underlines personal thoughts.
Jean Detrez works at the European Commission, which is tasked with preparing a feasibility study on European blockchain technology, which should ensure independence from China and the USA in the future.
Basically, he has something against lobbyists, but, at first for fun, he allows himself to be invited by two lobbyists without making any promises or signing anything, as he keeps emphasizing. At a meeting in a bar, he discovers a USB stick, which is the beginning of his personal misfortune.
He has to realize that almost a million euros paid to Bulgaria went into the pockets of a Chinese bitcoin company. Of course, that is not possible at all, since the EU does not want to join forces with China. Instead of discussing this with colleagues or superiors, he investigates on his own. He has received an invitation to Japan to give a guest lecture there. So he decides to leave two days early and make a stopover in China to see what's going on there. His worst fears are soon confirmed and to make matters worse, his laptop is stolen, on which his presentation for Japan is on it. He arrives in Japan with a very bad conscience, cannot give his lecture and only because his father is dying can he leave Japan again without much loss of face.
What fascinated me most is that all the concerns I have about cybercrime are addressed in this book and in no way diminished. Jean-Philippe Toussaint writes ironically and humorously, but the uneasiness about the content still leaves many questions unanswered that will probably never be clarified for the public. ( )

L'inquiétude, voilà. L'homme a toujours éprouvé une inquiétude irrationnelle face à l'avenir. Il a toujours pensé que l'avenir pouvait présenter un danger, et, pour le conjurer, depuis l'Antiquité, il a mis en place toutes sortes de pratiques réductrices d'angoisse et de rites apotropaïques. Pendant des siècles, l'homme a cru que l'avenir ne lui était pas accessible, qu'il appartenait à Dieu, que c'était le domaine réservé de puissances qui le dépassent. Pour essayer de l'entrevoir, pour lever un coin du voile sur ce qu'il nous réservait, parloirs de meilleur, souvent de pire, il fallait passer par la médiation d'un augure ou d'un oracle. Aujourd'hui nous regardons de hauts ces pratiques archaïques. Notre démarche se veut plus rationnelle, plus scientifique. Nous ne cherchons pas à prédire l'avenir, simplement à le préparer, ce qui nous amène à considérer le futur non pas comme un territoire à explorer, mais comme un territoire à construire. (..) Si on s'intéresse à l'avenir, ce n'est pas en esthète ou en observateur passif, mais avec une visée utilitaire, au service de l'actionner de la décision politique. L'avenir ne doit pas être considéré comme quelque chose de déjà décidé, mais comme quelque chose d'ouvert, qui reste à construire, c'est-à-dire sur lequel les décisions du présent peuvent encore avoir une influence. (p15-16).

Une fois refermé ce court texte, j'étais un peu perdu, ne comprenant pas l'objet du texte. Puis en relisant les premières pages et cette réflexion sur l'avenir et, du fait d'une crainte ancestrale face à l'inconnu, la volonté de l'homme à le maîtriser, une clé de lecture m'a semblé interessante. Cet homme en organisant sa disparition du monde connecté pendant quarante-huit heures, pour ne pas laisser de trace d'un voyage en Chine, soupçonnant une tentative d'introduire en Europe des ordinateurs et logiciels chinois truffés de systèmes cachés pour pirater et détournés de la monnaie virtuelle ne pourra pas être informé du décès de son père.
Spécialiste de la prospective, c'est à dire la création de scénario pour l'avenir et ainsi prendre les décisions qui permettent d'orienter les actions, il ne l'appliquera pas à lui-même.

Débutant par une réflexion sur l'avenir, puis basculant sur un thriller autour d'une clé USB contentant des documents révélateurs, c'est l'effondrement d'un homme coupé de ses liens, connections au monde qui est décrit.

Petit texte, qui ne m'a pas enthousiasmé, trop superficiel, ( )